
• Le mood :
Un recueil sublime de 17 nouvelles écrites en 1904.
Un parti-pris littéraire incroyable pour l’époque, féministe et et plein de courage. Une érudition que l’on ne trouve presque plus de nos jours. Plongez ! c’est juste divin !
• L’histoire :
La dame à la louve est un recueil composé de 17 nouvelles,
Écrit en 1904.
Le ciel y est sombre, cruel, cru, sans pitié pour les vices et la lâcheté masculine.
Tout ce qu’on aime quoi ! (Je plaisante bien sûr les gars 😉 )
Avec ce livre j’ai découvert Renée Vivien.
Grande écrivaine de la littérature lesbienne, poétesse, et qui se nommait en fait ; Pauline Tarn.
Quel plaisir de découvrir cette plume d’une richesse incroyable,
Pour chaque nouvelle, elle nous plonge dans une narration contée par le personnage masculin,
à la première personne.
Chaque nouvelle est un voyage : les indiens de Caroline du Nord, Palestine, Glasgow, Inde, Venise, Budapest…
Elle vous immerge dans les légendes et références culturelles de chaque pays.
Vous invite à redécouvrir une mythologie grecque et Antique qu’elle connaissait parfaitement,
Puisqu’elle passa sa vie à écrire de la poésie, des contes mais aussi à traduire les poétesses de la Grèce Antique.
Revisitant aussi parfois des textes du Nouveau Testament.
Bref, je tenais vraiment à vous faire cette petite introduction,
Car ça a son importance dans la perception de l’immense modernité de ses textes,
Mais aussi de son érudition.
Dans chaque nouvelle, elle s’amuse des normes et des poncifs
Et inverse l’image des rôles homme-femme établis en 1904.
Elle nous propose des portraits de femmes fortes, presque dominantes, régnant en Maîtresses sur les hommes et leurs désirs propres.
Guerrières et prêtent à mourir pour conquérir leur liberté.
Là où l’on découvre des hommes faibles, violents et accablés de leurs sentiments.
« Elle n’était ni belle, ni jolie, ni charmante. Mais, enfin, c’était la seule femme qui fût à bord.
Je lui fis donc la cour. »
Elle nous dépeint des femmes brillantes et indépendantes.
Utopie d’un XXeme siècle qui devait hurler en son ventre,
Comme l’enfant au réveil d’une nuit cauchemardesque.
Une écriture incisive, des phrases comme des couteaux qui viennent,
Mêler au cauchemar, le drame de ces sexes qui s’opposent et refusent de se comprendre.
Renée Vivien dessine des hommes
Qui tentent (souvent par la force) d’aimer des femmes qui ne s’aiment qu’entre elles.
« Tu peux retourner dans ton pays, sans que je t’adresse un blâme ni un reproche, sans que j’assombrisse ta joie par une plainte.
Car l’amour des femmes ne ressemble point à l’amour des hommes. Je t’aime pour toi et non pour moi-même. Je ne veux de toi que le sourire de tes lèvres et le rayonnement de ton regard. »
Amour, mais aussi acte de résistance aux normes.
Au mariage avec des hommes qui punissent leur liberté,
Ferrent leur parole et moquent leur pouvoir de penser.
« Cette femme dégageait une impression d’orgueil rude et solitaire, de fuite et de recul furieux. Ses yeux jaunes ressemblaient à ceux de sa louve. Ils avaient le même regard d’hostilité sournoise. »
On observe ici comme l’écrivaine aiguise le portrait.
Le sentiment de danger qu’éprouve l’homme face à celle qu’il convoite.
Sa peur du ridicule mais son attraction plus forte que tout du fait qu’elle soit seule…
Elle moque l’esprit masculin d’une manière grinçante.
« Les longues résistances vous font quelques fois l’effet d’une agréable surprise, et rendent la victoire plus éclatante… N’est-ce pas, messieurs ? Nous avons tous à peu près les mêmes sentiments. Il y a entre nous une fraternité d’âme si complète qu’elle rend une conversation presque impossible. »
L’homme y exècre la supériorité de la pensée féminine.
Ou bien sa résistance physique ou bien encore le fait qu’elle soit juste « saine » et lui l’inverse.
La violence qui colle également parfois à la culture du pays à cette époque, dort en certains des hommes qui s’expriment.
« Je la hais parce qu’elle est vigoureusement saine, et que je suis, moi, un fiévreux débile. Elle est plus hardie et plus solide qu’un mâle. »
Elle donne corps à une pensée encore trop d’actualité.
Qui a sans doute conditionné des siècles de viols qui se croyaient être légitimes 😉
« Il faut avoir beaucoup de patience avec les femmes, n’est-ce pas ? et ne jamais croire un seul mot de ce qu’elles vous disent. Quand elles vous ordonnent de partir, il faut demeurer. »
Elle s’amuse et nous fait rire :
« J’ai l’amour de la netteté et de la fraîcheur, continua-t-elle en un rire léger. Or, la vulgarité des hommes m’éloigna ainsi qu’un relent d’ail, et leur malpropreté me rebute à l’égal des bouffées d’égouts. »
Ces nouvelles sont d’une modernité déconcertante.
Elles érigent les femmes en figures fortes et franches.
Affranchies des règles.
Faisant face à des hommes lâches rêvant de les étrangler.
Totalement incongru en 1900 !
Renée Vivien couchait là ses plus profondes pensées.
Féministe et combattante avant l’heure.
De nombreuses nouvelles mettent en scène des personnages face à leur propre mort.
Des hommes aussi vulnérables que des enfants et des femmes telles des semi-déesses.
Courageuses et inflexibles.
« Je la hais, comme une femme exècre l’homme qui la domine. Je finirai certes par la tuer un jour, pour le plaisir de la vaincre, tout simplement… »
Des hommes en proie à leurs désirs violents.
Tentant d’arracher la vertu de femmes qui semblent fragiles mais sont aussi sauvages que des tigresses.
Les hommes qui parfois tuent, assassinent.
Comme cette Saurienne à la peau de crocodile.
Métaphore bluffante du sauvage en la femme que l’homme réduit en lui crevant les yeux.
Ça c’est de la littérature !
Érudition, langue, lyrisme, poésie et passion ! Ça m’a fait un bien fou.
J’ai maintenant envie de tout lire de Renée Vivien !
J’ajouterai pour finir que j’adorerais voir ces nouvelles portées au théâtre, il y a de quoi faire des merveilles !
• L’extrait :
« Et l’horreur des rires fusait, sinistre comme des baisers sans amour. »
• L’auteure :
Renée Vivien*

Nationalité : Royaume-Uni
Né(e) à : Londres , le 11/06/1877
Mort(e) à : Paris , le 18/11/1909
Biographie :
Renée Vivien, née Pauline Mary Tarn, surnommée « Sapho 1900 », est une poétesse britannique de langue française du courant parnassien de la Belle Époque.
Elle était la fille d’une américaine et d’un britannique fortuné (John Tarn) qui mourut en 1886, lui laissant un héritage qui la mettait à l’abri du besoin.
Elle voyagea beaucoup à travers le monde. Ainsi, le Japon, Mytilène et Constantinople figuraient au nombre de ses destinations préférées.
En 1899, elle s’installe définitivement à Paris et prend un nom de plume : René Vivien, prénom qu’elle féminise ensuite en Renée.
En 1901, paraît son premier recueil : Études et préludes.
De 1901 à 1909, l’intense production littéraire et poétique se mêle à des tentatives de suicide. Renée vit le spleen baudelairien, se drogue, boit de plus en plus d’alcool en solitaire.
Renée Vivien fut la première poétesse francophone à exprimer ouvertement son amour physique pour les femmes et la deuxième femme francophone ; après Mme Dacier au XVIIe siècle, à traduire l’œuvre de Sappho en français.
*Source : Babelio
• Références :
- La Dame à la louve
- Auteure : Renée Vivien
- Maison d’édition : Éditions Folio
- Date de publication : 01.03.2007
C’est vraiment génial de remettre à l’honneur cette grande dame de la littérature.
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