Térébenthine

• Le mood :

Un roman qui offre une vision sur la petite dictature des Beaux-Arts, celle qui souhaite signer la mort de la peinture mais aussi annihiler l’existence et l’influence des femmes artistes depuis toujours.


• L’histoire :

« Bon vous n’êtes pas bête, vous ne voulez pas faire autre chose que de la peinture ? »
Ça y est, c’était ça ! C’était juste ça !
Tu te détends. Elle reprend.
« Vous savez, un bon peintre est un peintre mort. »


À l’ère du numérique, la peinture dit elle encore des choses ?
Est-elle devenue cette langue morte que tout le monde admire mais n’apprend plus, seuls vestiges de quelques érudits ?
Ce roman revient sur les diktats de la pensée aux beaux-arts, des professeurs, mais aussi du conditionnement des élèves.
Carole Fives vient déranger ici un sujet trop peu souvent évoqué en littérature et ailleurs.
Où sont nos femmes peintres dans l’histoire si ce n’est reléguées aux réserves de bon nombre de musées ?

Nous sommes aux débuts des années 2000.
La narratrice s’est inscrite aux beaux-arts.
La peinture est son rêve, pourtant, la peinture est moquée.
Morte.
Passée de mode.
Mais avec elle, Luc et Lucie, vont plonger au coeur de la matière.

Décider de l’explorer encore, car rien ne saurait signer la fin.
Même si les galeries n’exposent plus de toiles.
Que les professeurs enseignent la peinture comme un art bourgeois.
Un art assassiné par la Seconde guerre mondiale.

« Comment peindre après la mort de l’art, après la barbarie, comment créer à l’ère du soupçon ?
Dans le sous-sol des Beaux-Arts, vous vous questionnez, vous vous disputez, vous vous influencez parfois mais vous savez qu’une seule chose compte : la nécessité de continuer quoi qu’en pensent les enseignants de l’école. »

Aux Beaux-Arts, les capitalistes conceptuels de l’art contemporain s’opposent à nos trois artistes.
On les appelle les Térébenthine.
Odeur de White Spirit mêlée à leur blouse bleue et leur idée pure de ce qu’est la peinture.
De ce qu’il n’est pas nécessaire d’expliquer devant l’oeuvre lorsque partout ailleurs tout n’est que concept surexpliqué par les mots.


2003, New-york.
MOMA.
Découverte de Rothko.
Rencontre de Marina Abramović.
Les Matisse ennuient.
Les Hopper étaient mieux en carte postale.
Il faut rechercher le chaos.
Le renouveau.

« Tu découvres d’autres artistes femmes. Les critiques ont beau dire que l’art n’a pas de sexe, tu sens qu’ils manquent d’objectivité et que le but est bien plutôt de faire passer pour neutre une histoire de l’art tout empreinte de virilité. Après une absolue domination du regard masculin pendant des siècles, les femmes artistes peinent à s’exprimer, à simplement oser prendre le pinceau, la caméra, le stylo, mais quand elles le font, c’est l’explosion. »


Les profs ne veulent que des écrans ou installations provocantes.
Du happening ! Inspirez-vous des Dadas mais surtout pas d’un Pollock.
La peinture doit mourir et puis les femmes peintres aussi tant qu’on y est !
N’y a-t-il aucune femme qui ait laissé son empreinte majeure sur l’art du XXème siècle ?
Et avant ça ? Où sont-elles ?



• L’extrait :

« Loin d’être un espace de liberté absolue, la toile est ce lieu où un geste en impose un autre, puis un autre, et où enfin le chaos s’ordonne. C’est un dialogue silencieux, tu te confies et la toile te répond, les échanges s’intensifient, (…) »



• Mon avis :

Si ce livre ne m’a pas marquée par son style ou par une histoire qui nous tient en haleine comme je l’avais été avec « Tenir jusqu’à l’aube » (de la même auteure), j’ai trouvé le thème intéressant.
On ne se fait que trop la réflexion en littérature du peu de femmes écrivaines enseignées dans les écoles.
Mais les femmes et leur influence sont effacées de tous milieux, de toute l’Histoire.
Alors réhabiliter la peinture et ses âmes féminines est à mon sens une prise de parole nécessaire.



• L’auteure :

Carole Fives*

Carole Fives est une écrivaine, chroniqueuse d’art et plasticienne.
Après une licence de philosophie à l’Université de Toulouse et un master d’arts plastiques, elle obtient le diplôme national supérieur d’expression plastique (DNSEP) des Beaux-arts de Paris.

Elle a commencé à écrire pour expliquer son travail de peintre et depuis elle n’a plus arrêté.

Son premier livre « Quand nous serons heureux » (2010), publié aux éditions Le Passage, est un recueil de nouvelles dans lequel elle dissèque les travers d’une société en quête de modèles. Elle a reçu le Prix Technikart 2009, présidé par Alain Mabanckou.

En 2012, elle fait paraître son premier roman « Que nos vies aient l’air d’un film parfait », aux éditions Le Passage dans lequel elle évoque avec justesse le sujet délicat du divorce et de la fratrie désunie.

En 2013, Carole Fives obtient une résidence dans le New Hampshire aux États-Unis, et achève l’écriture de son roman « C’est dimanche et je n’y suis pour rien », aux éditions Gallimard, 2015.
Fine portraitiste de la famille contemporaine, elle publie « Tenir jusqu’à l’aube » en 2018.

Après des passages par Paris, Bruxelles et Lille, Carole Fives vit désormais à Lyon où elle partage son temps entre les arts plastiques et la littérature.

*Source : Babelio



• Références :

  • Térébenthine
  • Auteure : Carole Fives
  • Maison d’édition : Éditions Gallimard
  • Date de publication : 13.08.2020

Un commentaire sur “Térébenthine

  1. Je trouve la recherche de la narratrice sur son outil de création intéressante. Et de la peinture à l’écriture, cette quête interroge. Bien sûr, le constat de la mysogynie du milieu est implacable mais nécessaire !

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