Un drame au bord de la mer

• Le mood :

Un texte court d’une beauté qui porte toute la violence des vents bretons.
Toute l’impuissance des Dieux face à la tragédie humaine. Le secret terrible d’un infanticide.


• L’histoire :

Balzac, dont la tragédie sociale et la famille sont des thèmes de vie et d’écriture, oppose dans cette courte nouvelle les périodes de vie théoriques, de croyance de jeunesse à celle de la réalité qui frappe chacun de nous.
30 ans passés, l’action et la réalité n’épargne pas aucun de nous.

« La mer était belle, je venais de m’habiller après avoir nagé, j’attendais Pauline, mon ange gardien, qui se baignait dans une cuve de granit pleine de sable fin, la plus coquette baignoire que la nature ait dessinée pour les fées marines. »

Sous la forme d’une lettre à son oncle,
Balzac se peint en visiteur heureux dans une Bretagne accueillante,
Comme des Terres étrangères qu’il foule avec sa belle, son ange.
Lui, plein de ses espoirs d’ascension sociale et de réussite d’écriture.

Si le début de la nouvelle se fait douce,
Les nuages de Bretagne ne tardent pas à assombrir
La ciel de leur escapade.

Les deux amants aux coeurs légers sont vite confrontés à la misère.
La rencontre d’un pêcheur menu aux pieds nus.
À la culotte déchirée.
Lui, le fils qui aura sacrifié sa vie à son vieux père.
Pêchant alors en bord de côte
Le peu de coquillages pris au piège par le rivage,
Faute de n’avoir un bateau.

Les deux jeunes gens veulent alors les inviter à dîner.
La compassion teintée de pitié devant tant de pauvreté.

« Ce pays n’est beau que pour les grandes âmes ; les gens sans coeur n’y vivraient pas ; il ne peut être habité que par des poètes ou par des bernicles. »

En tentant de rejoindre le Croisic,
Suivant leur pêcheur sur une route sableuse,
Ils ne se doutaient pas de l’histoire effroyable qu’ils trouveraient là.
Tapi dans une grotte,
Un homme, monstre marin mutique au regard lointain.
Lui, le secret prisonnier de son granit.
Et si Dieu n’avait lui-même pu arrêter le pire infanticide ?
Si l’exil était la seule issue à la rédemption ?
Alors les vents sculpteront le remord et la peine
Sur la roche même de celle qui abrite l’ombre terrible.

« C’était des formes herculéennes ruinées, un visage de Jupiter olympien, mais détruit par l’âge, par les rudes travaux de la mer, par le chagrin, par une nourriture grossière, et comme noircie par un éclat de foudre. »

 


• L’extrait :

« Quand je voulu chercher autour de moi quelque présage pour les audacieuses constructions que ma folle imagination me conseillait d’entreprendre, un joli cri, le cri d’une femme qui vous appelle dans le silence d’un désert, le cri d’une femme qui sort du bain, ranimée, joyeuse, domina le murmure des franges incessamment mobiles que dessinaient le flux et le reflux sur les découpures sur la côte. »


• Mon avis :

Cette nouvelle d’Honoré de Balzac prendra place dans la Comédie Humaine en 1846 puis reprend son nom Un Drame au bord de la mer.
Il s’agit bien là de l’essence de tout l’art Balzacien, cette tragédie sociale dont il a le talent, mêlé au romantisme de deux coeurs que la nature semble posséder ici.
Tout cela assaisonné d’un drame qui affronte les plus grandes légendes bibliques.
Un drame effroyable, infanticide, que même les Dieux n’auraient su éteindre.


• L’auteur :

Honoré de Balzac – 1799 > 1850

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Honoré de Balzac, né Honoré Balssa est un écrivain français.

Fils d’un secrétaire au Conseil du roi et directeur des vivres, il est employé, pendant ses études, chez un notaire où il est imprégné des drames familiaux et financiers. À 20 ans, il passe son baccalauréat de droit, mais décide de se consacrer à la littérature.

Après avoir reçu des critiques négatives vis-à-vis de son drame « Cromwell », il se lance dans le roman-feuilleton, signant Horace de Saint-Aubin ou Lord R’Hoone. En 1823, il rencontre une voisine de ses parents, Laure de Berny (qui a 15 ans de plus que lui). Ils s’aimeront pendant plus de 10 ans. Laure va initier le jeune aux milieux aristocratiques et l’aider dans ses entreprises (maisons d’édition, imprimerie…).

En 1829, il publie « Les Chouans », première pièce de sa « Comédie humaine ». Il se mettra désormais à publier, en moyenne trois romans par an.
À 32 ans, il est célèbre dans toute l’Europe et s’éprend de la comtesse Hanska, l’une de ses admiratrices. Ils commencent une longue correspondance et se rencontrent en Suisse. Veuve en 1841, il espère réaliser son rêve et se marier avec elle, mais son projet se trouve sans cesse retardé. Et c’est en 1850, qu’ils se marient enfin. Entre-temps, il voit sa candidature à l’Académie française échouer plusieurs fois, malgré le soutien de Victor Hugo.

Romancier, dramaturge, critique littéraire, critique d’art, essayiste, journaliste et imprimeur, il a laissé, avec La Comédie Humaine l’une des plus imposantes œuvres romanesques de la littérature française. Il obtiendra d’ailleurs la Légion d’honneur en avril 1845.

Il mourut, sans avoir pu achever « La Comédie Humaine », laissant un certain nombre de livres inachevés, et un nombre encore plus importants de livres non commencés.

Son travail d’analyse sociale et l’humanité de ces personnages lui valurent l’admiration des plus grands écrivains.

Source : (*Source : Babelio)


• Références :

  • Un drame au bord de la mer
  • Auteur : Honoré de Balzac
  • Maison d’édition : La Part Commune
  • Date de publication (dans cette édition) : 2003

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