
• L’auteur :
Delphine Bertholon
*Delphine Bertholon, née en 1976 à Lyon, est une romancière et scénariste française. Elle vit à Paris dans le 11ᵉ arrondissement.
(*Source : Wikipedia)
• Le mood :
Vous pouvez y aller !
Même si vous avez le moral dans les chaussettes, Delphine Bertholon sait aborder les sujets les plus sensibles avec cet humour qui n’appartient qu’à elle. Il n’y a jamais de mélo avec cette écrivaine, et c’est ce qui est si délicieux 🙂
• L’histoire :
Ici, nous plongeons dans l’histoire de Clémence. 15 ans, une soirée chez des amis, une mauvaise rencontre sur le chemin… Et tout bascule, le personnage, le lecteur. Elle se taira, parce que « ce n’est pas si grave ». Jusqu’à en perdre le sens de sa vie, jusqu’à en perdre tous ses sens. Lui a-t-on tout pris ? Que reste-t-il d’un corps sali ? On la retrouve 15 ans plus tard, travaillant dans un lieu où l’on fabrique des poupées de luxe sexuelles. Clémence les maquille, leur parle, leur trouve une humanité qu’elle ne s’autorise plus, qu’elle ne supportait plus. Elle cherchera des années durant quelque chose qu’elle a perdu. Elle s’offrira pour ne plus jamais qu’on lui prenne. Le parallèle de ces poupées asservies aux bons fantasmes des hommes, mais là également pour panser une solitude, et le cheminement du personnage est très intéressant.
Le parallèle de ces poupées asservies aux bons fantasmes des hommes ; mais là également pour panser une solitude, et le cheminement du personnage est très intéressant. En touchant au corps c’est au plus profond de l’âme que l’on s’attaque. Viennent la culpabilité, les questions, la haine. On nous parle de déshumanisation, d’aliénation. Mais le roman n’est jamais complètement grave malgré le sujet de fond.
• L’extrait :
» – Il faut parler, maintenant.
Il y eut dans ma chambre un silence irréel, à croire que l’univers entier retenait sa respiration. Je n’obéis pas, ne dis pas un mot, mais le brave homme enchaîna avec une sagacité qui force le respect :
– Avant de vouloir vous aimer, mademoiselle, il faudrait déjà cesser de vous haïr.
Dans sa bouche, bien sûr, cela tenait en une phrase.
Dans ma tête, ce n’était pas si simple.
Si la vie était simple, ma petite, ça se saurait. »
• Mon avis :
❤️ Encore un coup de coeur signé Delphine Bertholon. ❤️🍂🍁
Peut-on dire que l’on a aimé la BO d’un livre ? Les corps inutiles, un récit subtile et sombre parsemé de morceaux de Radiohead, The Broken Circle, Oasis…avec cette note d’humour et de fraîcheur qu’insuffle l’auteure et que j’avais tant aimé dans Coeur Naufrage.
Clémence est drôle, j’ai aimé être dans sa tête, suivre ses réflexions. Un roman brillant tissé autour de l’adolescence, d’une oppression familiale, d’un secret enfoui qui refait surface. Des thèmes que l’écrivain manie avec excellence, mais surtout creuse pour en extraire un substrat d’une subtilité rare.