L’autre Rimbaud

• Le mood :

Un roman d’investigation passionnant qui réhabilité et met la lumière sur l’existence de ce frère d’Arthur Rimbaud : Frédéric, rayé de l’Histoire jusqu’aux photos, par sa propre famille.


• L’histoire :

Sachez qu’en matière de littérature,
Je suis férue d’Histoire pour l’unique raison
Que je suis friande de POTINS historiques.
Un thé, un biscuit pour l’accompagner
Et un livre plein de potins crousti-pépites,
Vous me perdez pour plusieurs heures…
Et surtout j’en parle pendant des jours
Histoire de colporter et que personne n’en perde une miette.
(Si, comme moi tu es un.e vrai.e commère littéraire je te recommande chaudement
Les Mémoires sur Marie-Antoinette de Rose Bertin ;))


Bref, jusqu’à cette lecture de L’autre Rimbaud,
Je me targuais d’être une Rimbaldienne
En partageant à qui le voulait ses fameux Sonnets du Trou du Cul.
C’était sans jamais savoir qu’il avait eu un frère !

« Élevés ensemble, partageant la même chambre, les mêmes jeux, les mêmes punitions, les mêmes révoltes contre la mère. Arthur sûr de lui, secret, méfiant ; Frédéric, affable, franc, dévoué. »


Répudié par une mère immonde,
Rejeté par un frère qui aurait pu être son jumeau,
Mal aimé, malmené, empêché dans ses amours…
Ce n’est pas la tristesse qui aura manqué à son destin…

Frédéric et Arthur avaient une jeune soeur.
Vitalie, morte à seulement 17 ans.
Il aurait mieux valu que le sort s’en prenne à Isabelle, leur deuxième soeur…

La mort de cette jeune soeur aura scellé
Les fêlures d’une famille entière !
Les mensonges ont toujours cimenté la famille.
La mère ayant intimé aux enfants de dire que le père était mort.
La Veuve Rimbaud.
Les qu’en dira-t-on.
Il était juste parti, le mari pardi !

Frédéric grandit dans l’ombre et devient conducteur de calèche.
Arthur restera le préféré,
Malgré tous ses efforts pour se faire aimer.
Arthur vivra aux crochets de sa mère durant de nombreuses années.

À « L’Autre », on attribuera la place du mort
Après le décès d’Arthur.
Se taire. N’avoir pas exister.
Ne révéler aucuns secrets.
Lui qui aura été le plus proche d’Arthur.
Celui qui le connaissait le mieux.
Témoin des mensonges familiaux tentant d’ériger en Dieu son frère défunt.

Isabelle (la deuxième soeur), s’emparera de l’héritage d’Arthur avec son mari
Volant tous ses textes,
Réinventant l’histoire d’Arthur,
Effaçant le frère
Jusqu’à un montage photo
D’une des photos les plus connues de nos jours.
(Et Photoshop n’existait pas encore !)

« Oui, Isabelle et Berrichon auraient voulu le cacher, lui, le charretier, le camionneur d’Attigny, le domestique de l’Hôtel de la Gare.
Ils auraient voulu pouvoir dire :
« Arthur avait un frère, mais il est mort.
Ils ont honte.
Ou peut-être ont-ils peur de ce qu’il peut raconter, de ce qu’il sait, et il en sait beaucoup, bien plus qu’eux. À Arthur il a été uni comme personne ne le fut par la suite, uni comme on l’est à un jumeau. »

Ce roman se transforme en investigation.
Une enquête sur la falsification de la photo la plus connue de Rimbaud.
Pourquoi sa famille a-t-elle souhaité effacer de l’Histoire Frédéric ?
Tout autant que des photos, des correspondances publiées.
Fallait-il avoir peur de quelque chose de grave…?
Une histoire haletante entre le récit, le documentaire et le roman.

Remonter le cours de l’Histoire.
La mère et et sa raideur maladive.
La mort et les souvenirs.
Le système clanique.

« Des siens, la mère exigeait loyauté et obéissance. Tempérament clanique, que ce climat hostile ne faisait que renforcer. Elle imposait, ordonnait, régentait la maison et l’exploitation. »

Est-ce que d’un prénom peut naître l’enfer ?
Et si, dans cette famille, les femmes détestaient les hommes ?
Une mère omnipotente et monstrueuse prête à tout pour anéantir son aîné.
Adulant le cadet, Arthur. Devenu un traitre à son frère.
Bien loin le souvenir des frères unis jusqu’aux coups de la mère.
Arthur ne pensait plus qu’à l’argent, aux taxes, aux affaires.
Bien loin les vers.
Frédéric, Bienvenue en enfer.


• L’extrait :

« Arthur avait renoncé à être un frère, et ce faisant, il avait arraché à Frédéric une part de lui-même ; il avait fallu apprendre à vivre avec cette absence, ce manque physique, comme on apprend à vivre sans ombre, sans reflet.  »


• Mon avis :

Si je n’ai pas lu ce livre pour sa beauté littéraire ou du verbe,
Car il s’agit ici d’un ton assez journalistique,
Je l’ai adoré pour tout ce que j’y ai appris et ce qu’il contient !
Et si même Pierre Michon n’avait pas réussi à écrire ce livre avant lui,
Force est de constater que c’est une réussite.
Un véritable travail d’enquête, de réflexion qu’il nous livre
Et de recoupements de mille archives par l’auteur,
jusqu’à la visite du village en question.
Et surtout une véritable passion nourrie
Qui l’aura mené à réhabiliter l’existence et la sensibilité
De cet Autre que l’on a toute sa vie traité en raté.
Il aura très certainement payé chèrement,
Le prix de sa liberté.


• L’auteur :

David Le Bailly*

Copyright Photo : BibliOBS

Après avoir débuté au quotidien économique La Tribune, David Le Bailly a rejoint la direction de Paris Match.
Journaliste d’investigation, il est spécialisé dans les enquêtes politiques et financières.

*Source : Babelio



• Références :

  • L’autre Rimbaud
  • Auteur : David Le Bailly
  • Maison d’édition : Editions L’ICONOCLASTE
  • Date de publication : 19.08.2020

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