Le ventre de la fée

• Le mood :

Vous cherchiez du darkness, la transgression de tous les tabous, le tout assaisonné d’un roman fin et psychologique ? Le ventre de la fée est justement ce qu’il vous faut…


• L’histoire :

Si vous cherchiez un livre pour vous faire vibrer le palpitant,
J’ai ce qu’il vous faut !
Attention, darkness assurée, on y transgresse tous les tabous,
Et qu’importe si l’on fait la moue,
Les faits sont là.
Précis et dirigés vers un dessein sans nul retour possible.

On ne cite plus la grande Alice Ferney dont j’avais savouré chaque mot de La conversation amoureuse.
Je ne connaissais pas ce court premier roman et je dois vous avouer que si l’effet fut glaçant j’ai totalement adoré !

« De loin la fée est une ligne dansante, un trait de lumière vaporeuse, un éclat de pastels tamisés et presque translucide comme celui des bonbons acidulés. »

La fée n’est pas semblable aux autres.
S’éveille pleine de douceur, toujours heureuse du nouveau jour qui s’annonce.
L’homme qui partage sa vie a cet air intelligent.
À deux ils avancent sans paroles nécessaires.
Formant un seul corps.
Entité des débuts de l’amour.

« Et le lit ouvert tend ses bras de soie et d’ombre. L’instant enfoui les sentences du jour. La fée rêve aux fécondités de cette nuit, elle en tremble. L’enfant qu’ils feront a déjà de ces rires clairs qui cascadent sur elle. »

Gabriel vient au monde.
Prénom d’ange qui ne suit pas toujours son destin…
Jeune garçon il feint de doux mots pour attirer de jeunes filles dans ses filets du désir,
De la chair pornographique.

Parfois les monstres se cachent derrière des sourires timides.
Derrière des gestes de mère aimante,
Ne pouvant imaginer que leur fils fantasme leur propre corps de femme.

« Plus elle crie plus il la veut, c’est cela qu’elle ne comprend pas. Que plus elle crie plus il s’excite. (…) C’est le non qu’il préfère. Pour la première fois il le sait sans détour. »

Les peurs dévorent certains coeurs en colère,
Les esprits faibles, donnant ainsi naissance à des anomalies.
À la violence.

« Il pense au plaisir qu’il a eu à sentir contre lui se débattre la jeune fille. Le corps d’un autre en souffrance, quel prodige ! »

Les rires couchés de tout leur long sur la terreur de l’autre.
La griffant de leurs ongles monstrueux.

« Lorsqu’il est attaché à un objet Gabriel a besoin de sa proximité physique : qu’il puisse le toucher dès qu’il le désire, l’effleurer du regard à tout instant. »

La monstruosité n’a pas de visage.
Danser avec le corps de l’enfant sans vie.
Balant. Le pénétrer.

« Gabriel est inquiet, seul avec ce corps étranger, devenu différent du sien. Néanmoins il s’endort dans la chambre.
Mais ce n’est que favoriser par le repos la germination de songes féroces. »

« Calciné », « Crémation » ; des mots dont il jubile.
Souvenir de ses premiers crimes.
Expérience du meurtre et de la chair en putréfaction.
C’est avec une précision chirurgicale que l’on nous conte
Chaque phase de décomposition corporelle.
Les nuances de couleurs qu’arbore le corps chaque heure, chaque jour passé.


• L’extrait :

« On aurait dit qu’ayant retenu si longtemps sa jouissance il n’en pouvait plus de la rattraper. »


• Mon avis :

Alice Ferney dans ce premier roman nous immerge dans l’esprit d’un détraqué.
Dans ses obsessions et jubilations morbides.
Dans l’excitation et la joie d’ôter la vie, la jouissance de faire souffrir.

Tout cela dans une maîtrise du verbe absolue, on plonge dans ce que la nature offre de plus sombre.
Une montée en puissance du crime, du désir à assouvir en cherchant toujours plus.

Un récit complètement centré sur la psychologie du personnage et ses crimes.
On ne sait de lui que l’amour reçu de ses parents et son goût pour la torture…


• L’auteur :

Alice Ferney*

alice-ferney
Copyright : P.-E. RASTOUIN POUR L’EXPRESS

 

*Nationalité : France
Né(e) à : Paris , le 21/11/1961
Biographie :

Alice Ferney, de sa véritable identité Cécile Brossollet, épouse Gavriloff, est une écrivaine française.

Elle a fait des études de commerce à l’ESSEC et est titulaire d’un doctorat en sciences économiques. Elle enseigne aujourd’hui à l’université d’Orléans.

Elle est mariée et a trois enfants. Adepte du roman classique, dont elle exploite avec brio la veine introspective.
Ses thèmes de prédilection sont la féminité, la différence des sexes, la maternité, le sentiment amoureux.

« Grâce et Dénuement » lui a valu le prix Culture et Bibliothèques pour tous en 1998. C’est un récit sur une famille gitane installée de façon illégale sur un terrain privé près d’une grande ville.

« L’élégance des veuves » a été adapté au cinéma en 2016 par Tran Ahn Hung sous le titre « Éternité », avec Audrey Tautou, Bérénice Béjo, Mélanie Laurent.

*Source : Babelio


• Références :

  • Le ventre de la fée
  • Auteure : Alice Ferney
  • Maison d’édition : Éditions Actes Sud
  • Date de publication : 24.08.1993

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