
• Le mood :
Un roman très court qui m’a pour le moins ennuyée, pour le plus, agacée de sa prétention et de son narcissisme. Si l’on vendait en quatrième de couv’ une histoire d’amour impossible, j’y ai plutôt vu une accumulation de fantasmes narcissiques.
• L’histoire :
Avant tout je tiens à demander pardon à tous ceux qui ont aimé ce livre.
(Vous aurez le droit de me jeter des cailloux à la fin).
Malgré, vous le savez, mon profond respect pour les écrivains, je suis aussi maladivement honnête.
Je pensais trouver ici l’histoire d’un amour impossible.
Le pitch :
Un homme, (on comprend que c’est l’auteur lui-même), est en séminaire pendant 5 jours sur un domaine, entourés de scientifiques étrangers et d’une jeune femme, trentenaire, plus jeune que lui, qui est ici pour faire des recherches pour sa thèse.
Si au début le physique de celle-ci ne l’attire pas plus que cela, il va pourtant tomber sous le charme lors des cinq dîners successifs et de leurs promenades.
Bien.
Sauf qu’à mon sens, ce qui devait ressemblait à un récit d’amour ressemble plutôt à un récit façon 100% égo-trip.
J’ai réussi à m’ennuyer en 78 pages.
« Je me fais très vite la réflexion que tu ne veux pas visiter le Domaine mais seulement parler, et moi aussi, j’aime marcher, mais je veux marcher avec toi, et tout simplement vivre en me tenant près de toi. »
Il ne se connaissent que depuis une journée. Il veut vivre avec elle.
Bien. (J’ai un peu de mal avec les gens qui s’emballent au bout de 3 secondes, mais ça vient peut-être de moi…)
J’ai eu ce sentiment, pendant toute ma lecture d’une tendance à fantasmer absolument chacune des pensées de cette jeune femme.
Tout n’est vu/ pensé que sous son seul spectre à lui, avec de très hautes certitudes sur l’effet qu’il peut lui provoquer.
Attention le passage qui suit m’a fait mourir de rire et le livre m’en est tombé des mains.
« Alors, pendant que je parle et que je déploie très sérieusement une pensée elle-même très élaborée, je te vois soudain fascinée, admirative, séduite. Je le sais parce que j’ai déjà vu des dizaines de fois ce regard chez les femmes m’écoutant à certains moments précis, quand je parle d’une façon très particulière, que je donne à voir une facette de moi-même que je connais très bien, celle de l’enfant que je resterai toujours et qui s’émerveille de la complexité du monde. »
Autant dire qu’ici, il n’est pas compliqué de comprendre qu’on a un léger soucis narcissique.
« Des dizaines de femmes m’écoutant (…) » Ô grand pouvoir absolu de cet être suprême fascinant tant de femmes par cette seule façon particulière de dire des choses brillantes.
Pardon : « une pensée elle-même très élaborée ».
J’ai un vrai problème dans la vie avec l’absence d’humilité et la suffisance.
Notons que la jeune femme dont nous parlons a un compagnon.
Qu’elle cite à plusieurs reprises.
Alors bon, ils ne se voient qu’une fois tous les trois mois hein…
Ce qui m’a aussi fait me dire : « Mais peut-être juste que la nana avait besoin de se sentir désirée un peu, qu’elle a juste joué un peu l’allumage comme on a tous.tes fait quoi… Pas de quoi DU TOUT parler d’amour. Même si ça n’empêche pas d’avoir de super-conversations. »
« Puis aussitôt après, je repense à ce mot « compagnon » que tu as prononcé, et qui expliquerait tout simplement, et le plus logiquement, que tu ne veuilles pas te retrouver seule avec moi. »
Bonne déduction Marc !
Généralement même, quand on cite son compagnon, c’est qu’on n’est pas en totale démarche de séduction mais plutôt en mood « C’est cool hein, mais j’ai un mec 😉 ».
Une avant-dernière pour la route qui m’a aussi sauté aux yeux dès le début du livre. Rangeons toute notion d’humilité au placard.
Et attention je suis une grande amoureuse de Gallimard !
« Peut-être réponds-tu seulement, avec toute la politesse lumineuse d’une érudite allègre, qui plus est italienne, à l’enthousiasme et la joie concentrée, et comme illimitée, d’un homme français un peu étrange, ni jeune ni vieux, qui ment ou trop mal ou trop bien, et occupe l’intégralité de sa vie à tenter d’écrire des livres, et parfois publie dans cette maison d’édition légendaire, qui est aussi, comme par hasard, la maison qui publia tous ces écrivains français du XXè siècle que tu adules et étudies méticuleusement pendant des heures chaque journée que Dieu fait. »
On note quand même une tentative de modestie dans le « à tenter d’écrire des livres ».
Un final qui m’a fait ricaner, sottement, je l’avoue :
« (…) à la troisième marche tu te retournes et me lances en souriant : « Ciao ! Ciao ! » Je sais qu’on ne se reverra jamais. »
Donc, « Ciao Ciao » on est quand même bien loin d’une nana qui aurait brûlé de désir pour un mec, moi perso quand je lance un « Ciao Ciao » ça veut plutôt dire « Allez Salut, et à jamais ! »
Pardon pour mon inhabituel cynisme, pour le reste : style parfait.
Roman excellemment bien écrit.
• L’auteur :
Marc Pautrel*

*Marc Pautrel a fait des études de droit. Il vit à Bordeaux et écrit à plein temps.
Il est l’auteur, notamment, de « L’Homme pacifique« , « Polaire« , « Une jeunesse de Blaise Pascal« , « La Sainte Réalité. Vie de Jean-Siméon Chardin« , « La vie princière » ou encore « L’éternel printemps« .
*Source : Babelio
• Références :
- La vie Princière
- Auteur : Marc Pautrel
- Maison d’édition : Éditions Gaillimard
- Date de publication : 15.08.2019