Les corps abstinents

• Le mood :

Un recueil de témoignages sur des personnes ayant été ou étant encore abstinents.
Tous âges confondus, les expériences se confrontent pour avoir toujours en commun d’être totalement unique et personnel.


• L’histoire :

 

Que signifie l’abstinence pour vous ?
Est-elle liée à une durée ?
Vous évoque-t-elle l’arrêt total de sexualité ?
Est-elle plutôt choisie ou subie ?
Peut-on vivre sans sexe ?

Au milieu du capitalisme sexuel, des voix s’élèvent.
Celle d’Emmanuelle Richard,
Et de toutes ces personnes qu’elle est allée interroger.
Ceux qui ont été ou sont encore abstinents.

De sa définition émerge un accord commun,
L’abstinence est élastique.
Sa définition est propre à chacun. Quelques jours. Des mois. Des années.
Elle dépend des expériences.
Mais si elle a souvent été stigmatisée comme subie
Ou perçue comme une entrée dans les ordres,
Il semblerait qu’aujourd’hui les versions dissonent pour en offrir une nouvelle.
Le choix. L’abstinence choisie.

« On peut passer à côté de sa puissance de solitude une vie entière. Pourtant, c’est précisément cette faculté à être seul, à na pas craindre cette confrontation à soi, qui me paraît constituer l’une des fondations indiscutables des relations saines. »

Pourtant, ce n’est pas parce qu’elle est choisie
Qu’elle n’est pas synonyme de souffrance.
Il semble que de nombreuses de personnes n’ayant plus ou n’ayant plus eu de sexualité pendant un temps,
Souffraient bien plus du manque de caresses, de tendresse, du toucher.

Alors si nous pouvions vivre sans sexe, pourrions-nous vivre pour autant sans tendresse ?
Cela me ramène à un très beau podcast que j’ai écouté récemment sur la chaîne EMOTIONS de Louie Média : « La tendresse : pourquoi faut-il lui faire une place ? »

Pauline se questionne sur la normalité de son couple.
Statistiquement ils font de moins en moins l’amour.
Pourtant toutes les marques de tendresse sont là.
Caresses, papouilles.
Ils ont créé cet espace sans pression qui leur convient et leur ressemble à tous les deux.
Revisiter les figures imposées.
S’inventer à deux.

Pour certains, l’abstinence n’est pas choisie.
Femme et sexagénaire, on devient invisible.
Pour les hommes plus jeunes, pour ceux de leur âge.
Le sexe disparaît.

Il y a aussi ces hommes qui ne dissocient pas sexe et sentiments
Quand on le pensait propre aux femmes.
Alors au milieu de ce marché humain des applications,
Il y a ces gestes qui blessent.
Ces rapports avec des inconnues qui deviennent violents pour eux.

Homme ou femme : ras le bol général des normes imposées, de la pression, des stéréotypes, de ce qu’on pense qui plait aux femmes, puis aux hommes.

Si le sexe n’est plus cet espace de liberté totale, de partage et d’abandon dans une confiance et une empathie égale, alors qu’est-il vraiment ?


• L’extrait :

« J’ai pensé à ma grand-mère qui avait passé l’essentiel de sa vie adulte en étant seule, à ces décennies sans contact. Je m’étais toujours demandé comment elle avait fait — tellement c’est dur. L’absence de tendresse, l’absence d’humanité à portée de bras. La disparition générale du toucher. Ne jamais caresser ni être caressée par personne. »


• Mon avis :

Si ce livre n’a pas d’intérêt « littéraire », entendre : de par son écriture et sa forme narrative et linguistique, j’ai pour autant trouvé le sujet et ce recueil de témoignages fort intéressant.
Comme une invitation à écouter son corps avant les injonctions normatives.
À regarder le sexe de l’homme autrement qu’une machine éjacu-jouissante.
À sonder son propre corps, l’interroger plus profondément.

Il m’est impossible d’imaginer une vie sans sexe.
Et encore moins de le dissocier d’une relation amoureuse,
J’y vois une forme d’abandon total en l’autre, de connexion impossible autrement.
Et si je m’agace souvent d’une nouvelle forme de pudibonderie,
Je crois en revanche immensément en la tendresse.
Les temps de manque de l’autre.
Le désir ardent qui peut être tout aussi bien intellectuel que charnel.

Sortir de l’angoisse du chiffre, des moyennes,
Écouter nos corps, leurs appels.
S’offrir tout son saoul, déborder de soi, déborder en l’autre,
Ne penser plus qu’à ça.
Mais aussi savoir apprendre, attendre.
Laisser reposer les corps, apprécier la caresse, son effort.
La tendresse des peaux sans qu’elle soit pénétrante.

Le sexe est un sujet sans fond je le crois,
Il est pluriel, multiple, polymorphe en fonction des étapes de vie.
Pour certains il ne s’éteindra jamais,
Pour d’autres, il peut disparaître.
Pour d’autres encore, il n’a même jamais existé.
Pourtant, il semble bien au travers de ces témoignages,
Que l’amour n’ait pas toujours besoin de la jouissance partagée
Pour exister.


• L’auteur :

Emmanuelle Richard*

 

emmanuelle-richard
© Arnaud Delrue/Editions de l’Olivier

Emmanuelle Richard est titulaire d’une Maîtrise de Lettres et d’un Master en Management des organisations culturelles.

Elle publie son premier roman à 24 ans, en 2010, aux éditions L’école des loisirs :
Selon Faustin‘, un roman pour adolescents, autour des thèmes de la filiation, de la place, de l’amour et du surf.

Son deuxième roman, ‘La Légèreté‘, est édité en 2014 aux éditions de l’Olivier.

Son troisième ouvrage, ‘Pour la peau‘, raconte une passion. Il sort en 2016 et obtient la même année le prix Anaïs-Nin et le prix Marie Claire du roman féminin.

En 2018 paraît ‘Désintégration‘.

*Source : Babelio


• Références :

  • Les corps abstinents
  • Auteur : Emmanuelle Richard
  • Maison d’édition : Flammarion
  • Date de publication : 12.02.2020

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