
• Le mood :
Un roman portrait absolument passionnant inspiré de la destinée de l’ingénieur Nikola Tesla (1856-1943). Une remontée du temps électrique tout autant qu’élastique, au travers du personnage de Gregor emprunt de génie, de solitude et d’élégance.
• L’histoire :
« Qu’il est donc fatiguant d’être à l’intérieur de soi, toujours, sans moyen d’en sortir, considérer toujours le monde depuis cette enveloppe où on est enfermé.»
Gregor est cet enfant né entre deux temps.
Vers minuit, sans pouvoir déterminer un jour à son commencement.
Les chiffres rassurent.
Il est né d’un orage.
Un court-circuit temporel.
Un éclair dans l’espace.
Il prend alors les couleurs de la colère du ciel.
Ses ombres et parfois même sa fureur.
Enfant étrange et turbulent.
Sujet aux crises d’aveuglement.
Les seules choses qui le calment sont les oiseaux.
Le cerveau de Gregor pense les choses en grand.
Un voyage autour de la terre grâce à un anneau.
Les mouvements tectoniques ou solaires.
Des tubes qui traverseraient l’Atlantique ou encore le Niagara.
Inventeur du moteur à induction,
Cela ne le rend pas plus aimable pour ses collègues.
Gregor est cet être seul parmi les autres.
Il traverse alors l’Atlantique pour rencontrer Thomas Edison,
patron de General Electric.
Il sera trahi.
Les frasques d’un génie manipulé et écrasé par de viles financiers.
On a beau avoir les idées,
Elles ne profitent pas toujours à ceux qui les créent.
Entre deux jetées de graines aux pigeons du square,
Gregor se fait embaucher par la Western Union et développe le courant alternatif.
Son succès déclenche la colère.
Son rival Edison n’hésitera pas à électrocuter toute sorte d’animaux en public
Pour discréditer le génie de Gregor et n’en montrer que les dangers.
Jusqu’à…LA CHAISE ÉLECTRIQUE.
Gregor n’a plus que les oiseaux pour l’écouter parler de ses engins volants sans ailes.
Une délicatesse folle lorsqu’il nourrit ses pigeons.
Peut-être aurait il rêver faire partie de leur monde.
Surplomber sans jamais avoir à s’inquiéter des bassesses humaines.
Lorsqu’ils rabrouent les hommes c’est peut-être aussi pour mieux s’en protéger.
Des Éclairs est ce conte triste sur le destin d’un prodige.
Il dit toute la solitude et la mélancolie provoquée par la nature vile de l’homme.
Il dit le regard dirigé vers les cieux plutôt que l’argent.
Un anti-héros isolé dans toute sa splendeur.
Tantôt sur l’estrade illuminé par les plus grands dirigeants du monde.
Tantôt ruiné, à terre.
• L’extrait :
« Assistant du point de vue d’Edison, signifie homme à tout faire, homme de peine plutôt que de confiance, et le rôle de Gregor va surtout consister à obéir aux injonctions les plus diverses. »
• Mon avis :
Un livre absolument lumineux et passionnant qui dit ce monde qui broie toute part d’humanité dès lors qu’il décèle la moindre parcelle de fragilité.
Un talent fou pour le portrait de son personnage habité par les sciences.
Un rythme effréné et rapide qui porte le récit avec passion. Un roman parfaitement remarquable !
• L’auteur :
Jean Echenoz

*Jean Echenoz passe la plus grande partie de son enfance à Aix-en-Provence, où son père dirige un hôpital psychiatrique. Il entreprend des études de sociologie et de génie civil et, sans grande passion, entre dans la vie active.
Sa vocation pour l’écriture serait née à la lecture d’Ubu roi. En 1979, il publie son premier roman, Le Méridien de Greenwich (prix Fénéon), aux Editions de minuit. Jean Echenoz est un fin observateur du monde qui l’entoure, il déclare écrire des « romans géographiques ». Chacune de ses œuvres donne à voir au lecteur le décor dans lequel évoluent les personnages (qu’il s’agisse de Paris, de la province ou encore de la lointaine banquise) avec une acuité peu commune.
Echenoz n’hésite pas à dire lui-même qu’il n’est ni un historien ni un biographe, quand on lui demande pourquoi il utilise la mention roman lorsque son livre retrace une vie. Il répond en disant qu’il écrit de la fiction. Il garde ainsi une certaine liberté d’écriture.
Sa carrière littéraire est couronnée de succès, puisqu’il remporte une dizaine de prix en publiant 17 ouvrages ( dont le prix Médicis en 1983 pour « Cherokee » et le prix Goncourt en 1999 pour « Je m’en vais »). Son écriture bouscule les conventions tant au niveau formel qu’au niveau de la syntaxe. En effet, il emprunte les codes des différents genres romanesques pour mieux dérouter le lecteur.
Son style est souvent ironique et minimaliste.
*Source : Babelio
• Références :
- Des Éclairs
- Auteur : Jean Échenoz
- Maison d’édition : Éditions de Minuit
- Date de publication : 23.09.2010