
• Le mood :
Un roman qui remonte aux origines du silence d’un homme ayant réchappé à la Shoah.
Un récit qui dit tout le poids, toute la honte, tout l’indicible de ce qui était en train de se passer à Varsovie, dans les ghettos et partout dans le monde.
• L’histoire :
Septembre 1940.
L’Europe nazie parque ses juifs dans des Ghettos.
Vincente, lui, vit en Argentine,
Loin d’une guerre qui ne fait de bruit que dans les journaux.
Le soir, il rejoint ses amis Ariel et Sammy dans un bar.
Ariel rencontré à Varsovie à 18 ans.
Et Sammy leur ami rencontré en Argentine en 1928 à leur arrivée.
« C’est ce qu’on fait depuis la nuit des temps, non ? On aime nos parents, puis on les trouve chiants, puis on part ailleurs… c’est peut-être ça être juif…
Vicente évite de parler de la situation de l’Europe.
Derrière lui, il a laissé une mère et un frère à Varsovie.
Il vit son quotidien paisible avec avec Rosita
Et leur 3 enfants dans un trois pièces au-dessus de leur magasin de meubles.
« Rosita et Vincente étaient très différents, mais il y avait une chose en quoi ils se ressemblaient terriblement : une incertaine fragilité, pâle et silencieuse, qui trahissait le fait d’avoir été beaucoup aimé lorsqu’ils étaient enfants. »
En partant de Varsovie,
Vincente avait juré à sa mère de lui écrire chaque mois.
Puis les lettres s’essoufflèrent et ont fini par ne plus trouver de réponse.
Il porte en lui depuis la guerre soviéto-polonaise
Cette presque honte d’être juif.
D’avoir dû fuir.
Si ses amis interrogent ce que c’est qu’être juif,
Lui, répond peu.
Refuse de lire les journaux sur ce qu’il se passe à Varsovie.
Pourtant l’Allemagne a envahi la Pologne.
Une muraille s’érige
Et des Ghettos naissent sous les yeux d’un monde devenu antisémite.
100 000 personnes allaient y mourir avant les déportations.
Pourtant le monde et lui refusent d’y croire.
Déni. Silence. Mensonge les yeux ouverts.
Il y a des murailles de pierres.
Et puis il y a celles que l’on s’érige soi.
« S’éloigner de sa mère en 1928, l’avait tellement soulagé – être loin d’elle, aujourd’hui le torturait tellement. »
C’est l’histoire d’un silence si lourd à porter.
D’une impuissance qui immobilise tout son être.
C’est savoir sa mère mourir dans le froid, la faim.
C’est l’indicible qui vous sépare du monde comme ce mur,
Ghetto de Varsovie.
• L’extrait :
« Il allait éprouver une double haine de lui-même que jamais le fait de se sentir juif n’allait soulager. » »
• Mon avis :
Un roman fort intéressant dans son approche du silence mais aussi dans toutes les informations qu’il comporte.
J’ai appris ce projet abject des nazis d’envoyer tous les juifs sur l’île de Madagascar pour les détenir otages d’un général SS.
Un livre qui pose des questions fondamentales sur ce qu’est « être juif ».
Être élu par qui ? Pour quoi ?
Un texte qui raconte ce que les journaux ne nommaient pas
Ce que le silence et la honte peuvent décimer en un homme.
Si l’histoire est très émouvante, je suis restée pourtant à distance.
Comme un livre d’histoire et de faits historiques.
Je crois qu’il m’a manquée la langue pour accompagner ses personnages.
Une écriture assez dénudée où l’on chemine à travers le « il ».
Mais style peut-être totalement souhaité par son auteur.
• L’auteur :
Santiago H. Amigorena
*Santiago H. Amigorena est né à Buenos Aires en 1962. Après une enfance en Argentine et en Uruguay, il s’installe en France en 1973.
Muet de naissance, il se lance très tôt dans l’écriture. Il a écrit une trentaine de scénarios pour le cinéma dont notamment Le Péril jeune de Cédric Klapisch et Les gens normaux n’ont rien d’exceptionnel de Laurence Ferreira Barbosa.
Il écrit aussi des articles pour La Lettre du cinéma et Les Cahiers du cinéma.
Il a signé les romans : Une enfance laconique (1998), Une jeunesse aphone (2000), Une adolescence taciturne (2002), Le premier amour (2004), 1978 (2009).
*Source : Babelio
• Références :
- Le Ghetto Intérieur
- Auteur : Santiago H. Amigorena
- Maison d’édition : P.O.L
- Date de publication : 22.08.2019