
• Le mood :
Un texte singulier, qu’il vous faut lire si votre libido manque de piquant en ce moment 😉
Scène érotique intense, au final cruel.
Un texte très court mais soufflant de beauté !
• L’histoire :
Duras nous offre un livre comme un tableau.
« L’homme aurait été assis dans l’ombre du couloir face à la porte ouverte sur le dehors. »
« Elle est vêtue d’une robe claire, de soie claire, par le devant déchirée, qui la laisse voir.Sous la soie le corps était nu.La robe aurait peut-être été d’un blanc passé, ancienne. »
S’ouvre béant.
« Je vois l’enclave du sexe entre les lèvres écartées et que tout le corps se fige autour de lui dans une brûlure qui augmente. »
Le corps de cette femme s’écartant
Pour offrir la vue à celui qui la dévore.
« Il est là. Les yeux toujours fermés, elle lâche la robe, ramène ses bras le long de ses hanches, modifie l’écartement de ses jambes, les oblique vers lui afin qu’il voie d’elle plus encore que son sexe écartelé dans sa plus grande possibilité d’être vu, qu’il en voie autre chose, aussi, en même temps, autre chose d’elle, qui ressorte d’elle comme une bouche vomissante, viscérale. »
Pour chercher le cri le plus proche du plaisir complet.
« Et tandis qu’il croit avoir encore le temps de choisir, le pied hésite, et lourdement se descelle du corps, se sépare du coeur sous la poussée du cri. »
De celle qui dort, après les coups.
• L’extrait :
« Elle est arrivée près de lui, s’accroupit entre ses jambes et la regarde elle, et seulement elle, dans l’ombre qu’à son tour elle lui fait avec son corps. Avec soin elle la met à nu dans sa totalité. Écarte le vêtement. En sort les parties profondes. S’éloigne légèrement d’elle, la met dans la lumière. »
• Mon avis :
De ce texte, je ne savais rien avant de le lire.
Je l’ai acheté parce que j’aimais son titre. Parce que j’aime Duras.
J’étais bien loin de m’imaginer que j’allais découvrir un texte érotique.
Sauvage, cruel.
Elles sont rares les surprises quand on vieillit.
Et celle-ci en est une belle.
Il faut le vivre, il faut le lire.
• L’auteur :
Marguerite Duras
*Marguerite Duras, nom de plume de Marguerite Donnadieu, est romancière, dramaturge, scénariste, réalisatrice et journaliste française.
Elle passe toute son enfance au Vietnam. En 1932, alors qu’elle vient d’obtenir son baccalauréat, elle quitte Saïgon et vient s’installer en France pour poursuivre ses études. Après des études de mathématiques, sciences politiques, et une licence de droit, elle est secrétaire au Ministère des Colonies, de 1938 à 1940. Elle épouse Robert Antelme (1917-1990) en 1939. En 1942, elle accouche d’un garçon mort-né dont elle ne saura jamais faire le deuil.
Marguerite Donnadieu cosigne, au printemps 1940, avec Philippe Roques, « L’Empire français », son premier livre. Pendant la guerre, elle entre dans la Résistance. En 1945, elle s’inscrit au Parti communiste qu’elle quitte en 1950. En 1947 Marguerite Duras divorce et se remarie avec Dionys Mascolo (1916-1997) dont elle aura un enfant prénommé Jean. En 1956, elle se sépare de son second mari.
Marguerite Duras publie son premier roman, « Les Impudents », en 1943. En 1950, elle est révélée par un roman d’inspiration autobiographique, « Un barrage contre le Pacifique ». C’est le début d’une œuvre de fiction importante avec des romans comme : « Le Marin de Gibraltar » (1952), « Le Square » (1955), « Moderato cantabile » (1958), « Le Ravissement de Lol V. Stein » (1964), ou encore « Le Vice-Consul » (1966).
En 1984, « L’Amant » est publié et obtient le prix Goncourt. C’est un succès mondial. Jean-Jacques Annaud en tire un film en 1992.
Elle écrit aussi pour le théâtre, souvent des adaptations de ses romans comme « Le Square », représenté en 1957, ainsi que de nouvelles pièces, telle « L’Amante anglaise » (Prix Ibsen 1970) ou « Savannah Bay » en 1982. Elle écrit en 1959 le scénario et les dialogues du film « Hiroshima mon amour » d’Alain Resnais, qui lui vaut d’être nommée pour l’Oscar du meilleur scénario original à la 33e cérémonie des Oscars.
Elle réalise elle-même des films originaux comme « India Song » (1975), avec Delphine Seyrig, « Le Camion » (1977), avec Gérard Depardieu, ou encore « Les Enfants » (1985), avec Daniel Gélin.
En 1985 elle met en scène « La Musica deuxième » au théâtre Renaud-Barrault, puis elle publie « Yann Andréa Steiner » (1992), dédié à son dernier compagnon Yann Andréa, « Écrire » (1993) et « C’est tout » (1995).
• Références :
- L’homme assis dans le couloir
- Auteur : Marguerite Duras
- Maison d’édition : Éditions de Minuit
- Date de publication : 01.05.1980