Joseph

• Le mood :

Un livre qui dit toute la mélancolie de la disparition d’un monde agricole, ses mutations, ses souvenirs dans une sorte de silence de mots profonds.


• L’histoire :

J’entre dans ce livre
Comme on sort de l’enfance.
Comme on raconte la fin d’un monde.
Je sens l’odeur de la laiterie,
Revois les bottes crotteuses des hommes qui rentrent du champ.
L’ouvrier de ferme.

Ça me ramène à la ferme de mes grand-parents.
À mon père et son enfance.
Celle où vous grandissiez avec l’ouvrier agricole.
Celui au bras duquel jamais,
vous ne verriez une femme.

Joseph porte des pantoufles quand il entre dans la maison.
La patronne veille.
Les hommes doivent respecter son travail.

Discret,
Il se lave au lavabo, derrière, dans la remise.
Il dialogue silencieusement avec lui même.
Un mot sortant seul parfois.
Il trouve que Raymond, le chien, est meilleur que bien des humains.

Il se souvient alors le chien de son ancien patron.
Cette ferme où l’on riait beaucoup.
Les lubies du François de la Gazelle.
Et puis la mort sur son pétarou.

Joseph retient toutes les dates.
Il calcule le temps qui s’écoule.
Malgré l’alcool et les cures.

« (…) Joseph remarquait ces choses aussi, à force de voir les gens ; on sentait que la patronne n’aimait pas trop que le patron se lance à parler sur les personnes ou sur l’état de l’agriculture, même si on savait que Joseph n’allait nulle part et ne répétait pas. »

Il se souvient,
Fait des listes des fermes où il a été.
Des chiens qu’il a connu.
Des riz au lait.
Il fait ces listes de souvenirs datés pour les autres aussi.

Fuir un passé de misère.
L’alcool et ses dérives.
L’image de ceux qui n’ont pas eu la chance
Et ont fini dans le caniveau.

Le souvenir d’un père omnipotent.
Le frère Michel parti pour une autre vie.
Celle loin « des petites gens » comme il pensait.


• L’extrait :

« Il pense à des choses à l’abri de sa peau, tranquille, on ne le débusquera pas. »


• Mon avis :

Un texte d’une grande mélancolie qui raconte la ruralité au travers d’un homme de peu de mots. Une auteure au visage si singulier, au regard posé sur chaque silence, qu’elle délivre dans ce texte de la fin d’un monde.
Les codes simples et les habitudes à la ferme.
Un métier révolu.
La terre qui tenaille ses vieux quand les jeunes lui échappent.
Si j’ai aimé ce récit court et profond, son style et la force donnée à l’insignifiant, je dois aussi avouer que l’immense mélancolie présente m’a parfois un peu « bercée ».
Il n’en reste pas moins que ce texte est à découvrir ABSOLUMENT.


• L’auteur :

Marie-Hélène Lafon

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Professeur agrégée de Lettres Classiques, Marie-Hélène Lafon choisit d’enseigner dans un collège situé en Zone d’Éducation Prioritaire.

Elle commence à écrire en 1996. Son premier roman, « Le Soir du chien », a reçu le prix Renaudot des lycéens. Elle préside le prix littéraire des lycéens de Compiègne en 2003-2004.

« Histoires » obtient le Goncourt de la nouvelle en 2016.

Dans ses ouvrages, elle fait parfois référence « aux lectures qui m’ont nourrie, aux auteurs, aux langues surtout, Louis Calaferte, Gustave Flaubert, Jean Genet… »

Source : (*Source : Babelio)

• Références :

  • Joseph
  • Auteur : Marie-Hélène Lafon
  • Maison d’édition : Buchet Chastel
  • Date de publication : 28.08.2014

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