L’amour

• Le mood :

Un roman totalement déroutant, dont le temps s’étire dans l’espace.
S’agit-il du monde des vivants ou bien d’un ailleurs ?

L’amour y semble comme un souvenir douloureux, une quête dont chaque personnage suis le court.


• L’histoire :

« – Je suis la morte de S. Thala. »

Entendez-vous ce souffle de l’amour qui s’échappe ?

Celui après lequel on peut courir des années,

Une éternité entière.

Et qu’un horizon tout entier ne saura jamais avaler ?

Un homme face à la mer, le Voyageur.
Des vêtement sombres.
Un autre homme marche, au loin.
Celui qui garde.
Contre le mur là-bas, une femme est assise les yeux fermés.
Un Triangle humain se mouvant comme le sable.

« Un homme.
Il est debout, il regarde : la plage, la mer.
La mer est basse, calme, la saison est indéfinie, le temps, lent. »

L’homme qui marche pousse un cri.

« Elle a parlé avec douceur. Dans cette douceur la brutalité du cri se perd, la menace obscure se dilue. »

Quelques mots entre la femme et l’homme qui regardaient.
La lumière change la scène.
Les pas sont toujours lents.

« Du fait de l’homme qui marche, constamment, avec une lenteur égale, le triangle se déforme, se reforme, sans se briser jamais. Cet homme a le pas régulier d’un prisonnier. »

Un ballet presque silencieux
Jonché de dialogues mystérieux.
Chacun va, part, puis revient.
Marchant dans les pas de l’un. Puis de l’autre.
Le pas de S. Thala.

Elle, elle est enceinte.
Pleure-t-elle l’amour d’un enfant perdu ?
La mer, les mouettes, le pas.
Cette envie de vomir qui lui tenaille le corps.
Que font-ils là ?

« L’homme qui marche montre autour de lui la totalité, la mer, la plage, la ville bleue, la blanche capitale, il dit :
Ici, c’est S. Thala jusqu’à la rivière. »

Pour qui L’homme qui marche est-il là ?

« – Prison dehors les murs. »

Chacun semble en quête de quelque chose de disparu.
L’amour.
La vie qui s’échappe avec lui.
Le temps ; son pas comme un métronome.

Sont-ils même en vie ?
Une triangulation des âmes qui errent à la recherche d’une chose perdue.
Les larmes ne réparant rien de ce qui n’est plus.

« Le sable s’écoule encore. Il en reprend encore, le verse encore. Il s’arrête.
– Amour.
Les yeux s’ouvrent, ils regardent sans voir, sans reconnaître rien, puis ils se referment, ils retournent au noir. »

Le bruit incessant des coeurs ramenés malgré eux, comme les vagues, au point qui les a vu disparaître.


• L’extrait :

« – Je cherchais la place entre les murs. »


• Mon avis :

Un roman qui m’a subjuguée.
On retrouve les décors si chers à Duras.
La mer, l’horizon et cette lumière si particulière.

Un livre qu’il ne faut pas chercher à saisir à tout prix.
Un texte de la déroute, puissamment porté par des dialogues espacés.
Presque muets, tant ils disent peu et tout à la fois.
Le temps est différent dans ce texte L’amour.
J’ai eu cet étrange sentiment, tout au long de ma lecture de suivre des âmes,
perdues entre deux mondes.

Une lenteur qui nous happe, nous rapproche de ces personnages mystérieux, qui portent chacun une douleur silencieuse.

Et cette folie Durassienne qui s’empare des mots, du texte.


• L’auteur :

Marguerite Duras

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*Marguerite Duras, nom de plume de Marguerite Donnadieu, est femme de lettres, dramaturge, scénariste et réalisatrice française.

Elle passe toute son enfance au Vietnam. En 1932, alors qu’elle vient d’obtenir son baccalauréat, elle quitte Saïgon et vient s’installer en France pour poursuivre ses études. Après des études de mathématiques, sciences politiques, et une licence de droit, elle est secrétaire au Ministère des Colonies, de 1938 à 1940. Elle épouse Robert Antelme (1917-1990) en 1939. En 1942, elle accouche d’un garçon mort-né dont elle ne saura jamais faire le deuil.

Marguerite Donnadieu cosigne, au printemps 1940, avec Philippe Roques, « L’Empire français », son premier livre. Pendant la guerre, elle entre dans la Résistance. En 1945, elle s’inscrit au Parti communiste qu’elle quitte en 1950. En 1947 Marguerite Duras divorce et se remarie avec Dionys Mascolo (1916-1997) dont elle aura un enfant prénommé Jean. En 1956, elle se sépare de son second mari.

Marguerite Duras publie son premier roman, « Les Impudents », en 1943. En 1950, elle est révélée par un roman d’inspiration autobiographique, « Un barrage contre le Pacifique ». C’est le début d’une œuvre de fiction importante avec des romans comme : « Le Marin de Gibraltar » (1952), « Le Square » (1955), « Moderato cantabile » (1958), « Le Ravissement de Lol V. Stein » (1964), ou encore « Le Vice-Consul » (1966).

En 1984, « L’Amant » est publié et obtient le prix Goncourt. C’est un succès mondial. Jean-Jacques Annaud en fait un film en 1992.

Elle écrit aussi pour le théâtre, souvent des adaptations de ses romans comme « Le Square », représenté en 1957, ainsi que de nouvelles pièces, telle « L’Amante anglaise » (Prix Ibsen 1970) ou « Savannah Bay » en 1982. Elle écrit en 1959 le scénario et les dialogues du film « Hiroshima mon amour » d’Alain Resnais, qui lui vaut d’être nommée pour l’Oscar du meilleur scénario original à la 33e cérémonie des Oscars.

Elle réalise elle-même des films originaux comme « India Song » (1975), avec Delphine Seyrig, « Le Camion » (1977), avec Gérard Depardieu, ou encore « Les Enfants » (1985), avec Daniel Gélin.

En 1985 elle met en scène « La Musica deuxième » au théâtre Renaud-Barrault, puis elle publie « Yann Andréa Steiner » (1992), dédié à son dernier compagnon Yann Andréa, « Écrire » (1993) et « C’est tout » (1995).

(*Source : Babelio)


• Références :

  • L’amour
  • Auteur : Marguerite Duras
  • Maison d’édition : Gallimard
  • Date de publication : 09.10.1992

 

3 commentaires sur “L’amour

    1. Tu ne pouvais pas me faire plus plaisir avec ce message ! Duras je l’ai redécouverte tard après une première expérience peu concluante plus jeune.
      Et depuis j’ai envie de la faire découvrir à tous dès que je lis un de ses livres 😍

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