
• Le mood :
Un roman sur l’empreinte que laisse notre premier amour dans nos vies.
Sur le vide, les mots que l’on garde pour ne pas déranger les souvenirs.
• L’histoire :
Suzanne a 40 ans.
Une vie de famille rangée.
Un mari et deux enfants.
Puis un jour, un cambriolage dans son appartement.
Des bijoux, son ordinateur et puis une boîte scellée dans laquelle elle conservait ses carnets d’adolescente
Dans l’espoir d’écrire un jour.
À l’intérieur de ces petits carnets aux couvertures de couleurs différentes ;
Habitait son enfance.
Sommeillait Flaubert.
Survivait le collège.
Brûlaient encore les baisers d’Antoine.
Antoine. Son premier amour.
Ses mots déposés là.
Oubliés mais gardés par le temple des pages.
Jamais elle n’oubliera ce samedi de leur rencontre.
Antoine qui dédicaçait son livre dans la librairie.
Elle est ses mains moites, son ventre qui brûlait de le revoir.
Puis il y eut Adrien. Un autre écrivain.
Trois fois son âge et les larmes qui vont avec.
Puis Serge.
Et si les retours dans le passé avaient ouvert une brèche ?
« Tout ce qui lui arrivait l’atteignait avec force. Chaque homme rencontré était un homme possible. »
La radio. Barbara.
Une chanson qui la ramène tout droit loin derrière.
Défilé son passé.
Ravivée la violence des sentiments de l’adolescence.
Ce que l’on avait tu à la faveur d’un mariage qui imposait le silence des mots qu’elle n’avait plus le droit d’écrire.
« Suzanne n’est plus une adolescente, elle aura bientôt quarante ans. Elle aimerait non pas revenir au centre mais recouvrer l’acuité de son regard d’alors. Retrouver l’avenir et ses possibles. Le monde si vaste. Les emportements. »
Martin est livreur à vélo.
Il pédale pour s’user de fatigue.
Un soir en rentrant de sa dernière course il découvre dans une poubelle la boîte ouverte qui contient les carnets.
Il lit sans plus pouvoir s’arrêter.
1996…
Il vit à Montreuil sous les toits.
Une vieille piaule avec toilettes sur le palier qu’il partage avec ses voisins.
Une étrange cohabitation se fait sous les toits, Ousmane en exil, Mounia et sa fille Nour, Léa future médecin.
Mais que fait Martin ici ? Qu’a-t-il fuit ?
Il mêle ses souvenirs à la lecture des cahiers de Suzanne,
Pose sa musique sur ses mots.
La perte de ses cahiers
Ravive son urgence d’écrire.
Souchon, Barbara, ces chansons qui le rappellent à elle.
Cette amour passionné.
Parfois l’écriture met la distance nécessaire pour révéler ce que l’on ne voyait pas avant.
L’égoïsme,
Le narcissisme, les imperfections refont surface.
Cette histoire aurait pu s’appeler Premier amour.
Pour l’empreinte qu’il laisse sur nos peaux.
Les souvenirs.
La douleur qui s’atténue mais la mémoire qui ne l’éteint jamais tout à fait.
Les points de vue qui changent avec l’âge, le temps qui piétine nos croyances.
J’ai revécu à sa lecture, mon grand amour.
Je me suis souvenue moi aussi de cette chanson de Ferré.
Merci Sophie Lemp pour ce roman qui vibre comme un écho.
• L’extrait :
« Suzanne laisse les souvenirs l’assaillir en pensant à ces mots de Barbara rester bien à l’intérieur de soi. L’écriture peut-être lui permettra. rassembler. Pour avancer. Avoir peur mais avancer toujours. »
• Mon avis :
Un roman émouvant qui revient sur nos premiers amours.
Sophie Lemp offre une photographie de la douleur du premier amour avec Martin et de sa libération avec Suzanne.
Deux solitudes qui se font face.
Quelle empreinte laisse ce premier amour dans nos vies ?
S’en défait-on totalement en l’exorcisant, en l’écrivant ?
Un style sans enjambe, simple, une écriture claire ponctuée de références musicales qui accompagnent les personnages.
• L’auteur :
Sophie Lemp

*Sophie Lemp est romancière et auteure de fictions radiophoniques pour France Culture. Après Le Fil (Éditions de Fallois, 2015) et Leur séparation (Allary Éditions, 2017), Les miroirs de Suzanne est son troisième roman.
(*Source : Allary Editions )
• Références :
- Les miroirs de Suzanne
- Auteurs : Sophie Lemp
- Maison d’édition : Allary Éditions
- Date de publication : 07.03.2019