Arabe

• Le mood :

Un roman qui interroge le sens profond de l’identité. Sa langue.
Serait-ce la langue qui contient en elle la mémoire collective d’où l’on vient.
Un récit aux confins de la philosophie, un essai sur l’identité et celle des femmes.


• L’histoire :

Maya se réveille à 28 ans dans les bras de son homme, Max.
Elle vient de parler arabe…
Cette langue qu’elle n’a jamais sue, connue.
Une langue des origines qui coulerait là ; dans ses veines.

Mais dont les mots vivent sur les terres de son ignorance.
Comment est-ce possible ?
« Comment ces mots si beaux, qu’elle ignorait encore la veille peuvent-ils ce matin s’échapper de sa bouche avec tant d’aisance ? Comment son oreille, profane, accueille-t-elle une langue à laquelle elle ne connaît rien mais dont elle semble désormais tout savoir ? »
Est-elle la même que lorsqu’elle s’est endormie ?
Ses organes ? Son poids ? Son coeur ?
Doivent-ils répondre par l’émerveillement ?

La médecine doit-elle répondre de cette apparition ?

Se peut-il que le cerveau reptilien réprime des souvenirs ancestraux qui ne sont pas les nôtres ?

« Et si la langue précédait l’identité ? »
Et si la langue lui faisait entrevoir le monde, les autres différemment ?
Si elle agissait comme un isolant ?
Désormais, les rencontres n’ont plus les mêmes visages.
Une arabe française qui n’a pas accès à ses racines parce qu’elle ne parle pas arabe.
Et une française qui parle arabe sans jamais avoir connu ses origines.
Maya a grandi.
Ne lis pas les journaux pour tous ces préjugés qu’ils véhiculent.
Ne prends pas la voiture parce qu’elle est écolo.
Et n’a pas souhaité reprendre la pharmacie cannoise parentale.Max est acteur d’art dramatique.
Maya observe les tenues, le moindre détail, une tâche qui raconte une vie derrière un pli.
Elle n’aime pas les regard insistants et sans âme.

« Sur le chemin qui la mène à ses tissus, les pensées de Maya naviguent du français à l’arabe, quittent les racines latines pour des origines sémiques ; les consonnes gagnent en emphase, elle se surprend à énoncer des phénomènes nouveaux pour observer ce qui se passe dans sa bouche et dans sa gorge, la langue vient écraser le voile du palais (…) »
Elle évite Pigalle.
« L’inconscient pornographique et la personnalité érotique des lieux n’y étaient pour rien, Maya ne rencontra jamais aucun problème de gêne relative au cul. »
La langue rappelle alors à elle les souvenirs, comme pour mieux exister.
Cette amie d’école, Zina.
Sa honte d’être devenue une femme en CM2.
Le pêché de la féminité.
La perte de sang et si-tôt la perte de liberté.Il y a tant de langages.
Les mots oui, la langue mais aussi celui des vêtements.
Quelles histoires racontent-ils ?
Que disent-ils de nous ?

« Maya aime écouter l’habit et observer l’attitude qu’emprunte l’esprit selon l’étoffe qui pare le corps. »
Zina devenue femme se déshabille de tout son érotisme.
Rien de sauvage ne doit émaner d’elle.Quelle femme serait alors devenue Maya si elle avait été élevée dans cette langue ?
Il y a cette langue entre nos jambes.
Celle de l’orgasme, que tant de tribus font encore taire en la mutilant.

«Michelle se demande soudainement si l’acquis peut se développer indépendamment de l’inné. »

• L’extrait :

« D’où vient la souffrance, quelles sont ses croyances ? La langue ne suffit pas, il faut un nom, une ascendance, il faut un père, la langue ne suffit pas, n’est pas arabe qui veut. »


• Mon avis :

Quelle belle surprise que ce livre.
Résolument différent du premier roman de son auteure.
Ce style ciselé toujours, cette liberté, immense.
Des termes médicaux pour décrire la poésie des névroses de notre société.
Ses peurs et ses hontes.

Un roman entrecoupé du récit d’aïeux.
Témoignage passé d’une identité inconnue.
Un textes jonché de vers de Prévert.
Ceux des étrangers,
Les Kabyles des quais de Javel.

« Être arabe dans un pays qui ne l’est pas (…) »
Est-on entier sans sa langue des origines ?
Les questions s’aiguisent, nous bousculent, se font plus précises.


• L’auteur :

Hadia Decharrière

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Hadia Decharrière-Hamzawi est titulaire d’un Diplôme d’État de Docteur en Chirurgie Dentaire (1997-2004) et d’une Licence en Psychologie (2004-2005) à Université René Descartes (Paris V).

Chirurgien-dentiste, elle est la sœur de l’humoriste Nora Hamzawi, son frère est le scénariste Amro Hamzawi (« 20 ans d’écart », 2013). 

Née de parents syriens, elle a été élevée entre Cannes, Damas et San Diego dans les années 80. Sa petite enfance a été marquée par deux évènements majeurs, une parenthèse de vie entre la Syrie et les États-Unis en pleine Guerre Froide, et la mort de son père, lorsqu’elle a six ans. 

A trente-six ans, elle a l’âge de sa mère quand elle devient veuve et sa fille à 6 ans, l’âge qu’elle avait quand elle a perdu son père.

Dans « Grande Section » (2017), son premier roman, Hadia Decharrière se replonge dans ses souvenirs d’enfance.

Hadia Decharrière vit à Paris.
(*Source : Babelio )


• Références :

  • Arabe
  • Auteurs : Hadia Decharrière
  • Maison d’édition : JC Lattès
  • Date de publication : 06/02/2019

 

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