Leurs enfants après eux

• Le mood :

Un roman profond sur l’adolescence sur ces terres usinières délaissées.
Un roman politique et social qui témoigne des drames sociaux sans jamais juger, et qui contient en lui la magie d’un tableau devant lequel on ne pourrait détourner le regard ; de par la force et la puissance d’évocation de ses détails.


• L’histoire :

Un roman sur l’adolescence et ses sentiments évanescents.
Une vallée perdue,
Nourricière quand elle abritait encore son usine. Metalor.

Anthony a 14 ans.
Avale une baguette entière par jour.
Ses parents sont des cons.
Et son cousin est trop cool grâce à ses lunettes Ray Ban.
Lui…il a des boutons,
Des pieds trop grands et un corps d’enfant.

Un père licencié d’une usine fermée.
Ancien cariste reconverti en homme à tout faire.
Il boit.
Il gueule. Et parfois pire.
Sa famille et celle du cousin ont le visage de ces mères qui finissent seules.
Un mari à terre et parfois sous terre.

« Les familles poussaient comme ça, sur de grandes dalles de colère, des sous-terrains de peine agglomérées qui, sous l’effet du Pastis, pouvaient remonter d’un seul coup en plein banquet. Anthony de plus en plus, s’imaginait supérieur. Il rêvait de foutre le camp. »

Revival des années 90,
On suit un groupe d’adolescents sur quatre étés.

« Dans cette ville moitié morte, étrangement branlée, construite dans une côte et sous un pont, Anthony filait tout schuss, pris de frissons, jeune à crever. »

Leurs conneries d’ados qui fument de la skunk.
Les brouilles, les rumeurs.
Ces filles trop belles et riches qui ne s’intéressent pas à eux..

La chaleur écrasante,
L’ennui d’un été plombant.
Les corps frêles jouent les gros bras.
Anthony vole un canoë et n’aura de cesse de rêver à Stéphanie.
Puis un élément fait basculer le récit.
Hacine, une moto volée et les années qui défilent.

« Derrière lui, la forêt pesait comme une mémoire. »

Les gosses qui tentent d’échapper à la médiocrité de leurs parents.
Des destins qui se vivent en passagers clandestins de leur propre vie.
Des fantômes du passé qui habitent le présent.
La vie normale qui semble inhabitable tant elle a déteint sur leur peau.
L’alcool. Les petits larcins. La violence.
C’est un roman social.
Qui raconte le drame du quotidien.
Les couples qui ne se parlent plus et s’éloignent.
La violence qui grandit comme la vitesse sur le bitume.


• L’extrait :

« Ces gens-là, qu’on croisait en ville, n’étaient plus seulement du folklore, quelques paumés, des grosses têtes en goguette. Il se construisait pour eux des logements, des Aldi, des centres de soins, une économie minimale vouée à la gestion du dénuement, à l’extinction d’une espèce. »


• Mon avis :

L’auteur de ce livre, Nicolas Mathieu porte en lui le talent des détails qui émanent du texte comme un vieux souvenir se réveille d’une odeur.
L’écriture superbe, est rythmée par le verbe de ses personnages, par leur temporalité, leur milieu social.
C’est un roman politique qui dresse le portrait d’une jeunesse des petites villes, des lotissements, des zones de béton et des campagnes isolées.
Une adolescence cristallisée là.
Un livre qui m’a pris du temps, qui demande cet effort du lecteur de s’y immerger pleinement. Un travail immense par la force des détails, de chaque famille, de chaque maison. On s’y installe comme le témoin d’un drame social qui se déroule malgré nous.


• L’auteur :

Nicolas Mathieu

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Nicolas Mathieu est un écrivain français.
Il réalise un mémoire universitaire de maîtrise en arts du spectacle à l’Université de Metz intitulé « Terrence Malick : portait d’un cinéaste en philosophe », sous la direction de Jean-Marc Leveratto.

Après des études d’histoire et de cinéma, il s’installe à Paris où il exerce toutes sortes d’activités : journaliste pour un site d’information en ligne, rédacteur dans une agence de reporting (2008).

Son premier roman, « Aux animaux la guerre » (2014), remporte en 2014 le prix Erckmann-Chatrian et en 2015 le prix Mystère de la critique et le prix du roman du Festival du goéland masqué.

Alain Tasma adapte en série « Aux animaux la guerre » pour France 3, avec l’acteur Roschdy Zem dans le rôle principal.

En novembre 2018, Nicolas Mathieu remporte le prix Goncourt pour son deuxième roman, « Leurs enfants après eux » (août 2018), le récit politique d’une jeunesse qui doit trouver sa voie dans un monde qui meurt.

Aujourd’hui, Nicolas Mathieu vit à Nancy et partage son temps entre l’écriture et le salariat.

(*Source : Babelio)


• Références :

  • Leurs enfants après eux
  • Auteurs : Nicolas Mathieu
  • Maison d’édition : Éditions Actes Sud
  • Date de publication : 22.08.2018

4 commentaires sur “Leurs enfants après eux

  1. Parce que le sujet me touche, parce que tout le monde l’adore, parce que c’est le Goncourt et que ça me rend curieuse, parce qu’il est dans la dernière sélection du Grand Prix des Blogueurs… Il faut que je le lise, et vite !

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