
• Le mood :
Un roman qui installe son intrigue dans la lenteur.
Un roman musical, fait de symboles et qui nous offre un texte empli d’imaginaire, et de récits fantasques.
Un homme porte le lourd secret d’une cicatrice camouflée derrière son écharpe…
• L’histoire :
Chaque soir, un homme vient s’attabler au bar de son village.
Un café refuge.
Une enseigne lumineuse, une affiche de tombola.
Et puis Lisa, cette jolie serveuse au sourire discret.
Il y ce courant d’air aussi…
« Elle allume le percolateur, qui laisse échapper une volute vapeur sifflante tandis qu’elle tape le marc sur un socle en bois, mélodie 100% Arabica. »
Un quatuor qui s’est construit sur des silences.
Dix ans qu’il connaît Sam, Thomas et Lisa.
Et pourtant ils le connaissent si peu,
Cet homme et son menton caché dans son écharpe.
Pas besoin de parler.
C’est un café et quelques rires que l’on vient chercher.
Des banalités qui adoucissent la journée
Comme le trait de whisky dans le café.
L’homme est comptable et nous raconte la répétition de ses journées.
Sa concierge décédée et son couloir qui s’empli de montagnes de déchets.
« Quoi de pire que d’avoir un chien quand on habite Paris ? Sortir un chien constipé. J’ai presque compati. Elle lui parlait, le pressait, le cajolait, le suppliait. A fini par l’engueuler. Pauvre chien, pauvre femme, pauvre couple, pauvre transit intestinal canin. »
Le bal de ses collègues autour de la machine à eau.
Ce monde qu’il tient éloigné.
« J’ai le même type de rapport avec les rats qu’avec mes collègues, même s’ils sont moins esclaves des conventions sociales. »
Ses vrais amis sont ses copains de café.
L’un reçoit des lettres de ses parents décédés.
L’autre pleure des enfants qui n’ont jamais existé.
Lisa écoute.
Puis une chose vient secouer l’ordinaire,
Et l’homme entreprend de raconter son lourd secret sur fond de grande Histoire.
Cette cicatrice derrière son écharpe.
Un livre fait de symboles freudiens.
De musicalité, d’humour et de fantaisie.
Des histoires d’éléphants.
De cadavre exquis, de mouche dansante, d’orchestre tzigane et de trapéziste.
• L’extrait :
« La réalité est un concept bourgeois. »
• Mon avis :
Des mois que mes amis Amandine du blog L’ivresse Littéraire et Nicolas Houguet du blog L’albatros m’incitaient à découvrir la plume de Gilles Marchand.
J’avoue avoir été complètement décontenancée.
Après l’avoir refermé, j’étais mitigée.
Malgré l’immense talent de la plume de l’auteur, j’y ai trouvé beaucoup de longueurs, de répétitions.
J’ai eu du mal à me laisser pénétrer par son univers.
J’ai pris mon temps aussi, pour digérer ce récit dont la fin m’a bouleversée.
Il y a cette lenteur chez l’auteur qu’il faut accepter.
Cette répétition comme une rythmique musicale et un refrain qui entête le texte.
Le ponctue.
Cet humour et ce cynisme qui rendent le texte absolument unique.
Je ne m’arrêterai pas à ce roman et lirai ses autres textes.
Pour mieux le comprendre et peut-être mieux l’apprivoiser.
• L’auteur :
Gilles Marchand
Gilles Marchand est écrivain et éditeur.
Historien, il a publié un « Dictionnaire des monuments de Paris »(2003), une « Chronologie d’histoire de la peinture » (2002), coécrit avec Hélène Ferbos, et « La construction de Paris » (2002), scénario de la bande dessinée, aux éditions Gisserot.
En 2010, il participe à l’appel à textes du recueil « CapharnaHome » des éditions Antidata, est sélectionné, publie l’année suivante un recueil personnel dans la même maison, et devient ensuite un contributeur régulier des anthologies thématiques Antidata. Il signe en 2011 « Dans l’attente d’une réponse favorable, 24 lettres de motivation » chez Antidata, où il a aussi été éditeur.
En 2011, Il imagine également deux novellas postales pour Zinc Éditions, « Green Spirit » et « Les évadés du musée ».
Son premier roman, « Le Roman de Bolaño » en 2015, écrit en collaboration avec le critique littéraire et auteur Éric Bonnargent, éveille la curiosité de la critique par sa structure inhabituelle.
Son premier roman solo, « Une bouche sans personne » en 2016, attire l’attention des libraires et de la presse. Il est notamment sélectionné parmi les « Talents à suivre » par les libraires de Cultura et remporte le prix des libraires indépendants « Libr’à Nous » et le prix Hors Concours en 2017.
En 2017, il publie « Un funambule sur le sable ».
Il a été batteur dans plusieurs groupes de rock et a écrit des paroles de chansons. Il est également rédacteur au Who’s Who, et chroniqueur littéraire au sein du webzine k-libre.
(*Source : Babelio)
• Références :
- Une bouche sans personne
- Auteurs : Gilles Marchand
- Maison d’édition : Éditions Aux forges de Vulcain
- Date de publication : 25.08.2016