Le coeur blanc

• Le mood :

Un livre sombre et noir.
Un livre sur le désir des hommes au milieu des champs.
Un livre sur la survie des femmes saisonnières.
Un livre sur la perdition et l’errance.


• L’histoire :

Pour Rosalinde, ce sera un été sous le chant des cigales.
Sous la brûlure d’un soleil implacable.
Mais surtout sous les cris du danger.
Les cheveux rouges et le corps frêle, elle tente de tenir le rythme au milieu des champs parmi les hommes.

Elle travaille au gré des récoltes avec les agriculteurs des bleds avoisinants.
La cueillette des tilleuls.
Les abricots, puis les olives.
Quand ce n’est pas un patron malsain qui vient pisser près d’elle alors qu’il pleut,
c’est les hommes qui ont bu, pleins de ce désir auquel elle tente parfois de résister.

Sa vie c’est l’errance.
Elle fuit les hommes aux terrasses du bar.
Elle se dit qu’ils ne l’auront pas…

« Des merles chantaient dans les saules. Les asperges, petits pénis pâles, pointaient le long des buttes. »

Ahmed trouve qu’elle a le coeur blanc.
Le coeur pur.
Mais elle boit de plus en plus.
Le récit bascule.
Elle souhaiterait partir mais l’ivresse la retient.
Mounia entre en scène.
Son amie de la rivière.

« Quelquefois l’âme est fatiguée. On sent ses soubresauts inquiets, furieux, comme un tourment qui s’exaspère, une agonie secrète qui vous étonne et vous déchire. Vous prend le désir d’autre chose, des goûts de départ absolu, de fuite qui sait, d’océan peut-être. »

Des oubliés, des errants qui voient encore la beauté du Printemps dans leur silence.
L’alcool réunit les âmes et les éloigne un peu de la dureté, de la misère de leur camion au sol boueux.

Les gens meurent pendus aux branches des tilleuls.
Des hommes convoitent ce qu’ils n’auront jamais.
Des femmes résistent parmi les hommes et les cerises.
Les soirs se suivent.
Les coups résonnent.
Les cerveaux sombrent et les crânent frappent le sol.
Les esprits oublient demain.
« Personne ne peut rien pour personne. »

« Elle rassemble ses os, sa tête, sa vie. Elle s’achemine vers le jour, elle est entière. Qu’elle ne meure pas tout de suite, s’il vous plait le jour. Vivre encore un peu oui. »

L’horreur des hommes et leur lâcheté.
Le feu avance. Mais où est Rosa ?

« De quoi j’ai peur ? Mais de tout, Mounia. Des hommes, du feu qui est en moi, de ce trop qui me mange et me tue, de ce vide qui veut m’avaler. »


• L’extrait :

« Les hommes sombres avançaient dans les terres, le front obstinément tourné vers le sol, si bien que l’on ne distinguait jamais leur visage. »


• Mon avis :

Il y a ces livres lumineux dans leur noirceur que l’on relirait cent fois.
Puis il y a les autres.
Ceux qui nous ont fait souffrir dans leur lecture et nous ont laissé cet arrière-goût de malaise, de mal-être.
Je me dis qu’il faut avoir un talent immense pour avoir ce pouvoir sur le lecteur.
Je pensais lire un roman charnel, mais j’ai ressenti beaucoup de violence.
Je me suis sentie envahie et prisonnière du texte, de cet univers qui m’est si peu familier et qui m’a écoeurée au plus haut point.
Parce que plus j’avançais, plus je comprenais qu’il n’y avait aucune âme à sauver dans ce texte. Que tout pourrissait, empirait. Que les femmes sont des proies et que l’auteure ne les sauverait pas de leur terrible destinée.

Je viens d’un milieu paysan pourtant. Mais cela n’avait rien à voir avec le monde des saisonniers, des âmes errantes et punks à chiens.
Et  j’habite au coeur de cette Provence qu’elle écrit si bien.
Je croise chaque jour ces hommes qui rentrent des champs épuisés et marchent le long de la route jusqu’au village.
J’ai souffert de ce texte.
Parce que le récit s’assombrissait à mesure que j’avançais.
Parce que les personnages étaient nombreux, et entremêlés.
Parce qu’il y avait deux narrations différentes, celle de l’auteure et celle de l’intérieur, Mounia.

J’ai été subjuguée aussi, par les fulgurances de l’auteure. Sa langue merveilleuse pour dire la solitude, pour dire la quête, le désir, la perdition, l’alcool, les vices, le viol, la nature, la liberté.
Je suis admirative de son regard. De la construction de son récit.
Peut-être suis-je également dans une période dans laquelle je ne peux accueillir cette noirceur, parfois l’instant compte.
Bref, je recommande ce livre pour la beauté du texte, mais je vous le décommande si vous aspirez à la lumière.


• L’auteur :

Catherine Poulain

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Catherine Poulain commence à voyager très jeune. Elle sera successivement, au gré de ses voyages, employée dans une conserverie de poissons en Islande et sur les chantiers navals aux U.S.A., travailleuse agricole au Canada, barmaid à Hong-Kong, et même pêcheur pendant dix ans en Alaska. Elle vit aujourd’hui entre les Alpes de Haute-Provence et le Médoc, où elle est respectivement bergère et ouvrière viticole. Le Grand Marin est son premier roman.

*Source : Babelio


• Références :

  • Le coeur blanc
  • Auteurs : Catherine Poulain
  • Maison d’édition : Éditions de l’Olivier
  • Date de publication : 04.11.2018

2 commentaires sur “Le coeur blanc

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