Douce

• Le mood :

À toutes celles et ceux qui ont déjà vécu une passion dévorante.
Celle qui vous brûle. Vous dévore.
Celle qui vous murmure de vous enfuir mais vous tenaille de ses chaînes.
Douce est prise dans un amour qu’elle ne peut plus arrêter.
L’absence n’y fera rien. La dépendance est plus grande encore…


• L’histoire :

Comment revenir sur ces instants de la rencontre ?
Quand rien n’a encore commencé.
Quand rien n’annonçait cet amour fou, ou la folie d’un amour à venir…
Huit ans.

« Au début, l’amour, ce n’est rien encore. Un regard furtif, une odeur ou un son, une attraction ou le contraire, une aversion ou une pointe d’agacement. Ensuite, c’est trop tard. L’amour nous a cueillis, possédés, dépossédés, nourris et affamés. »

La première fois : rien.
Aucune attirance
Se retrouver à la gare et à peine se voir.
Ce premier affrontement du sac qu’il voulait porter et qu’elle ne voulait pas.

Le hasard d’un colloque les réunit.
Douce est heureuse de quitter Adam pour quelques jours.
Lâcher prise.
S’élancer pieds nus sur la piste d’une boîte de nuit. S’oublier.
Sentir une faim. Une vraie.
Exister pour la première fois parmi les autres.
Le lendemain, poser la tête sur l’épaule de cet homme.
Sans réfléchir, sans se connaître.
Se sentir happée, offerte à cet homme en plein pouvoir de séduction.

Un mot. Puis le silence. Cette chose qui circule dorénavant entre eux.
Est-ce que l’on n’attribue pas aux silences des mystères qu’ils n’abritent pas ?
Parfois notre instinct nous alerte.
Mais il nous faut aller plus loin.

L’attente inassouvie de l’autre. Puis plus rien. Puis l’absence.
L’autre qui se fait plus présent. Les appels. Les échanges de mails. Une nouvelle langue de ce couple qui se crée.

« Ce n’était pas une question. Un constat en forme de certitude. Les mots qui allaient compter entre nous, donner la cadence de notre histoire. Les mots auxquels revenir puisque toujours l’on revient à l’origine, à la première émotion. »

Découvrir l’autre, son corps, sa fougue, sa voracité, sa peau.
Son besoin de jouir avec son corps, d’assouvir. Le désir dévorant.
Tout le poids de ce que signifie avoir couché avec un autre homme.
La fin de l’autre corps.

« « Tu es si douce » Douce était née. »

« Ta voix dans le combiné, ta voix rauque et suave, de yaourt bulgare. »

Traverser la France pour le rejoindre. Une pulsion sans bagages.
Puis arrivent les Noël sans l’autre. L’absence qui se répète.
La jalousie. Le désir chez lui d’exclusivité.

La peur comme l’expérience de la perte.
La déclaration d’amour qui sonne l’avertissement.

« J’étais ballotée entre des sentiments contraires. Entre attraction et instinct. Tête et ventre. Se sauver, décamper fissa. »

Vient le moment du mensonge. Énorme.
Museler la plainte. Museler l’attente. Obliger l’autre à se taire.
Le cerveau crie à la manipulation puis crée le contre-argument pour rester.

« Nous étions amoureux. Nous éprouvions le manque et la permanence de l’autre en nous. Nous nous aimions à distance, de l’intérieur. En mots. De loin. Nous nous aimions d’un amour impossible. D’un amour absolu répétais-tu comme pour lui offrir quelque chose que le quotidien lui refusait. »

Retrouver Adam, juste pour le présent. Pour combler ce vide de lui.
Certains amours ne cessent pas même après une rupture.
Elles continuent à vivre jusqu’au jour où.

Ne jamais rien prévoir. Parce qu’il ne le souhaitait pas. Ne jamais savoir quand ils se reverraient.
Le temps comme des miettes. L’avenir comme une enclume.

« Je ne conjuguais plus au présent, mais au futur empêché. »

Sentir la chute. Le doute assaillant.
Mais le désir cramponnant.
Ne plus s’autoriser les sujets qui le dérangent ou l’agaçent.

« Je m’interdisais toute curiosité. Je me forçais à l’indifférence. »

Protéger ses mystères en s’effaçant au fur et à mesure.
Le loup.
Celui qui est absent. Mais qui rôde.
Celui de qui il ne faut pas attendre.
Ne rien demander. Ni du temps, ni une présence, ni détails sur sa vie. Rien.

Lequel est le plus fou des deux ?
Celle qui aime, sous perfusion.
Ou celui qui ment ? Qui domine, qui punie ?

Un jour sa femme partie. L’homme est enfin libre.
La découverte d’un chez lui précaire. Ce sentiment d’insécurité qui habite les murs comme ses bras.

Le mystique, la possession, la fièvre.
L’absolu dans l’amour plus grand que soi.
Le débordement.

« Que nous ne déplorions pas tant la vie l’un sans l’autre. Mais l’envisagions ensemble. »
Les demandes en mariage qui se multiplie.
La perte de sens.
Le bonheur si furtif.
Lui donner ce morceau de toi. Tes terres.

« Combien de temps sommes-nous restés ainsi ? Jusqu’à ce que la mer nous sépare. »

Avoir toute les preuves. Accablantes mais différer quand même la rupture.
Ne pas vouloir d’elle.
La torture : l’incertitude permanente.
L’isolement. Celui qui coupe des autres pour mieux posséder.
« J’aurais dû « arracher la perf » comme me l’avait conseillé Amy. »
Puis ce séminaire. Ce baiser retenu, différent. Quelque chose au milieu.
Ce bras accoudé au dossier de la Rouge.

« Retire ta main ou je te bute. »

L’amour comme une brûlure. Ces larmes qui ne sortent pas et envahissent le corps.
Un naufrage. Avoir vu le danger. Un danger Rouge.
Juqu’où est-on prêt à aller par amour ?


• L’extrait :

« Est-ce qu’on se noie de l’intérieur quand on ne laisse pas les larmes couler ? »


• Mon avis :

COUP DE COEUR !
Un sublime roman ! Qui vous prend dès la première ligne.
Sylvia Rozelier a ce talent de la vérité.
La poésie naturelle qu’ont les fleurs lorsqu’on les regarde.
Il en faut du talent pour poser les mots sur ce qui dévaste. Pour décortiquer chaque process de l’emprise, de la dépendance.
Il en faut du talent pour déposer sur les pages la fragilité et la force.
Le doute et l’entêtement.

C’est un roman entre le feu et le minéral.
Ce feu de la passion.
Et cette force incroyable, insubmersible. Douce, soumise au pire.
À l’inacceptable. Comme la falaise aux prises des vagues et des tempêtes.
Immobile et spectatrice. Forte de ce qu’elle sait.

J’ai souvent pensé au mythe du vampire, à la lecture de ce roman.
Son mysticisme. Son charme et sa séduction terrible sur les femmes.
Son emprise.
Cette lutte insatiable contre ses ennemis. Les mystères sur ses différentes vies.
Cette promesse qu’il fait que vitre histoire ne finira qu’à son dernier souffle.
Et si de ses crocs il t’avait mordu. Contaminée. Aspirée toute ton énergie.
L’absence de lumière chez lui. La poussières, puis les décombres.


• L’auteur :

Sylvia Rozelier

sylvia

* Sylvia Rozelier est née en 1971. Elle vit et travaille à Paris. Elle est l’auteur de « Deux heures »et de « Je partirai, je pars toujours ».

*Source : Babelio


• Références :

  • Douce
  • Auteur : Sylvia Rozelier
  • Maison d’édition : Éditions Le Passage
  • Date de publication : 30.08.18

 

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