
• Le mood :
Un très beau roman qui vous emporte sur les traces de l’Histoire du Japon, un parallèle incroyable entre ce temps des samouraïs et celui d’aujourd’hui. Une quête sur les rives du souvenir, des amours dévastés, des secrets enfouis.
• L’histoire :
Ce livre est un voyage au cœur du Japon, à travers le temps et la mémoire.
Se mêlent les ruines et les cendres, l’amour passionné, l’amour impossible, et ces secrets dans les veines.
Tokyo 2011.
Yukiko, de son nom « enfant de la neige » est une photographe française en reportage au Japon.
Les meubles bougent, les tiroirs vomissent, les murs crissent.
Le tsunami frappe le Japon ainsi qu’un petit village de pêcheurs où habite encore sa grand-mère.
Elle part pour la retrouver.
C’est une quête, une traversée d’un pays dévasté, des visages, des disparus qui n’en ont plus.
« Mon œil n’est plus protégé par l’objectif. La réalité m’atteint de plein fouet. Ce sue je contemplais jusqu’alors en spectatrice pénètre soudain ma vie. »
Elle se réfugie alors derrière son appareil.
Mettre une distance entre elle et l’éboulement des vies.
Elle ne savait pas encore que sa vie, sa passion était liée à son histoire.
Plus de 150 ans avant elle.
Sa grand-mère retrouvée, les souvenirs et les secrets ressurgissent.
La boîte aux libellules rouges…
C’est aussi l’amour avec Hiro, un potier, qu’elle va trouver sur son chemin.
1860.
O Kanekichi, dit Kané est une prestigieuse Geisha.
La seule à se faire photographier à Yokohama par un certain Camino.
L’époque est sombre.
Les samouraïs sans maître perpétuent des meurtres sanglants contre les étrangers.
Le nationalisme est présent plus que jamais.
Charles, son amant amoureux lui apprend l’anglais. Camino, lui, sent poindre le désir et la jalousie en lui.
Elle est si belle…si différente.
Pourtant c’est avec Charles qu’elle se mariera.
« Je me sens vide, avec un trou béant taillé à la serpe dans le coeur. Comment ai-je fais pour vivre « avant » ? Sans lui ? »
Malgré ce sentiment de trahir son pays et ses traditions avec un homme qui vient du pays qui les tue.
Son père, ancien samouraï, s’en est ôté la vie.
Un soir de saoulerie des hommes, Kané prend son bain.
Camino lui vole ce qu’elle n’aurait offert qu’à un seul homme.
« La neige avait enseveli son insouciance amoureuse. »
Un roman dans lequel les noms enneigés se lient et s’opposent.
Dans lequel les mondes et les paysages s’affrontent pour ne laisser parler que les photos témoins des vestiges.
Un récit au cœur d’un Japon mystérieux qui nous fait battre le cœur de poésie et d’amour.
Les effluves de thé, la sensualité des corps et ses odeurs.
Il y a les sauvetages humains puis il y a les sauvetages de la mémoire, des âmes.
Qui est-on lorsque nos souvenirs sont engloutis ?
Quand nos photos disparaissent ? Quand nos biens se brisent ?
Une errance parmi les ruines, après la tempête.
La vie.
• L’extrait :
« L’amour a cela de bon qu’il s’use d’autant moins que l’on s’en sert. »
• Mon avis :
Laurence Couquiaud interroge ici l’importance des souvenirs, de la mémoire, de la quête de ses origines et de la tradition.
Cette force de la détermination filiale, ce que la vie reproduit sans que nous en ayons conscience.
On la suit dans un récit époustouflant, en marchant sur la pointe des pieds, comme sur des galets à la découverte d’un Japon en pleine mutation identitaire.
Destruction, re-construction, vie et mort jalonnent le récit de l’auteure.
Ils sont rares ces livres qui prennent le temps de nous décrire les parfums de la tristesse, ceux de l’amour, ceux de l’air et du vent. On retrouve les ingrédients de la littérature japonaise, éternellement liée aux éléments terrestres et aériens.
Couplé à un récit qui empoigne l’Histoire et notre réalité.
Un très beau livre que je vous recommande réellement, d’autant plus si, comme moi, vous rêvez depuis plusieurs années de découvrir ce Japon tant imaginé…
• L’auteur :
Laurence Couqiaud
*Laurence Couquiaud est diplômée d’architecture intérieure, orientée vers l’architecture marine puis l’étude des mammifères marins, Laurence Couquiaud est céramiste et auteure.
C’est au Japon où elle vivait qu’elle a connu ses premiers « émois d’émaux ». Elle créée de céramiques contemporaines, en grès noir et porcelaine, aux émaux d’or et d’argent…
Globe-trotteuse, elle a remisé ses palmes, mais est toujours passionnée d’univers aquatiques et d’Asie.
« La mémoire sous les vagues », Prix Femme Actuelle 2016, est son premier roman.
*Source Babelio
• Références :
- La mémoire sous les vagues
- Auteur : Laurence Couquiaud
- Maison d’édition : Éditions Pocket
- Date de publication : 2016 chez Les nouveaux auteurs – Mai 2018 chez Pocket