
• Le mood :
Une histoire d’amitié toxique qui prend ses racines en pleine adolescence et laisse des traces indélébiles sur la personne que devient plus tard la narratrice. Un jeu finement mené entre la narratrice et l’auteure. On navigue en eau trouble et c’est remarquable !
• L’histoire :
Ariane c’est le récit d’une histoire d’amitié adolescente cruelle et toxique au milieu des 90’s.
La narratrice est placée par ses parents dans un collège de riches.
Des parents prolos, moulés à la norme, tentant de calquer maladroitement une bourgeoisie qu’ils rejettent.
Sa vie est une tragédie mais pas assez tragique pour tenir la cote de popularité du collège.
« Ma légende personnelle avait en outre besoin d’être rempaillée par un vrai drame, une tragédie qui pourrait être revendiquée publiquement, susciter le respect (…). Je jalousais mes camarades de classe orphelins ou battus que je voyais nimbés d’une grâce mystérieuse (…). »
Elle va se lier d’une amitié malsaine et complètement fusionnelle avec son extrême opposé.
Un seul monde : le leur. Leur ennemi ? Le reste du monde.
« Les autres étaient des intrus, ils diluaient nos pouvoirs parleur seule apparition furtive dans le décor. »
Ariane. Belle, riche, intelligente et très populaire.
Ces deux petits corps en pleine découverte se meuvent ensemble dans la cours de récré.
« Seulement moi, j’étais tristement banale. Enfant délavée, sans la plus minuscule catastrophe à valoriser.»
Les jeux de l’adolescence sont lancés !
Les modes et les démodes des récréations.
Les garçons qui deviennent coqueluches et retombent dans l’oubli.
La narratrice veut plaire, être populaire.
« Ariane déambulait altière, avec l’indolence molle d’une lionne, le menton haut, entièrement nue.
Elle était reine, elle le savait, elle n’avait besoin de rien d’autre que d’exister pour éclabousser les murs de sa majesté. »
Elles examinent les hommes et leur sexe.
Ricanent bêtement.
« On me demandait si je suçais, on me proposait de m’enculer. J’en tirai une certaine fierté. J’avais treize ans. »
Cet âge où le sexe exulte les instincts.
Où être vue et touchée surpasse toute dignité.
Où l’on pense qu’exister c’est être salie d’insultes et de regards poisseux.
Les jeux dangereux commencent avec des hommes beaucoup plus vieux.
Elles n’ont jamais embrassé mais savent ce qui excite les hommes.
Pas de Google ni de forums à l’époque, Jeune & jolie et 20 ans sont les tutos des premiers amours sur papier glacé.
Un poison grandit.
L’amour entre elles est dur, fou, passionnel, pulsionnel.
Jusqu’où peut aller une amitié empoisonnée ?
On rit sur les premiers rites de passage du palot baveux à trois tours de gauche et à droite.
On rit moins quand la copine est jalouse et ne veut plus d’elle à sa place.
On re-rit quand elle découvre qu’Arthus est un cousin éloigné et qu’ils auront une progéniture altérée.
L’adolescence et ses premiers frémissements.
Le début des emmerdes puisque, déjà, on désire l’amour plus que tout sans savoir encore de quoi il retourne.
Cette histoire ne pouvait pas bien finir.
La manipulation. L’exclusion. L’humiliation. Les vengeances, la chute libre.
Les souvenirs qui s’emmêlent, la narratrice qui repousse la vérité, l’invite et puis la tord.
La traque. Un amour démoniaque.
Et si toute cette histoire avait déterminé qui elle est aujourd’hui ?
Être toujours au bord d’aimer.
Repousser ceux qui s’approcheraient de trop près.
• L’extrait :
« Ariane osait tout. Moi je n’osais rien, sauf quand elle me regardait. »
• Mon avis :
Une belle découverte de mon aventure avec les 68 premières fois !
Un roman au décor cruel et à la franchise brutale.
Une douleur froide qui émane de cette amitié toxique.
La narratrice ou l’auteure, on ne peut démêler la vérité de la fiction, ni qui parle réellement derrière les souvenirs énoncés ; nous entraîne dans une construction du récit crescendo que l’on ne peut lâcher.
Jusqu’où ira donc cette histoire ?
L’amitié peut-il blesser bien plus que l’amour ?
La narratrice nous emporte dans un intime extrême puis place une distance avec son lecteur.
Si certaines scènes peuvent sembler au bord du dérangeant, j’ai aimé me faire malmener dans ma lecture.
Un style surprenant et réellement remarquable, je suivrai cette auteure de près.
• L’auteur :
Myriam Leroy
*Myriam Leroy est une journaliste belge née le 5 février 1982.
Presse écrite et presse radio.
A réalisé un documentaire « Cuisine interne » (projet multimédia).
A publié deux livres de ses chroniques pour la RTBF.
2012 : Les Bobos
2013 :Myriam Leroy n’aime pas
*Source : Babelio
• Références :
- Ariane
- Auteur : Myriam Leroy
- Maison d’édition : Éditions Don Quichotte
- Date de publication : janvier 2018
Je l’ai beaucoup aimé – ta chronique ne fait que le confirmer !
J’aimeJ’aime
❤️
J’aimeJ’aime
Moi je n’ai pas aimé, pourtant j’apprécie beaucoup Myriam Leroy en tant que journaliste. mais j’ai trouvé son roman trop cru, vulgaire et il m’est tombé des mains sans que je réussisse à m’attacher à son héroïne …
J’aimeJ’aime
Je comprends que l’on puisse ne pas accrocher. En effet, l’auteure n’épargne rien au lecteur. On est dans une crudité du récit, de l’adolescence, ses expériences et ses blessures.
Je pense que c’est un vrai parti pris de l’auteure qui s’amuse beaucoup d’ailleurs de la vérité et du romancé.
Ariane, on l’adore ou on ne l’aime pas. Pas de demi-mesure 😘
J’aimeJ’aime