Madame de X.

• Le mood :

Plongez dans les fantasmes et les désirs d’une quarantenaire divorcée qui décide de reprendre sa liberté. S’affranchir de tout, ne le désirons-nous pas toutes ? Mais ici, Anne ne se doutait pas de la machination qui l’attendait…


• L’histoire :

Et si les errances du désir pouvaient révéler qui nous sommes vraiment ?

Anne a 40 ans. Divorcée. Deux enfants, elle vit seule.
Elle est de celles qui se sont trop effacées pour ne pas un jour abjurer les ombres.
S’en délester pour tout faire exploser.
Anne pensait s’être protégée d’une vie de solitude en épousant le mariage.
Mais il ne faut jamais se penser épargnée. Surtout pas des hommes.

La vie a cette vilaine ironie de venir vous arroser quand vous êtes toute vêtue de blanc !
La réalité d’une femme délaissée par son mari.
Des amies qui se détournent craignant que le malheur ne les atteigne aussi.

Elle porte aussi le poids d’une famille bourgeoise qui la tenaille.
Elle vit dans le sacrifice. Ce mot qui cache la lâcheté d’affronter la vie.
Puis un jour, reprendre l’élan, s’affranchir de tout et partir en Italie.
Vouloir retrouver l’enfant ensoleillée qu’elle était.

« Quand je n’aspirais plus qu’à une seule chose : retrouver l’enfant ensoleillée que j’avais été et lui donner la chance d’exister, enfin. »

Pour la première fois Anne découvre l’indépendance.
Assistante d’un vieux libraire, elle se sent enfin vivre, respirer.

« J’avais plus de quarante ans, je savais bien que la vie ne m’offrirait pas de réelle seconde jeunesse, que des espoirs souvent il ne reste que la cicatrice des désillusions. (…) Mais je partais pour me sentir libre de tout ce que je n’avais pas décidé, pour me défaire de tout ce qu’on m’avait imposé et que je m’étais laissé imposer. »

Se délester de tout superflu. Jeter, quitter, se démaquiller.
Devenir soi, se rapprocher de cette petite fille que l’on était. Se retrouver. Ne plus avoir peur.
Elle rencontre Ale une jeune étudiante, sa voisine du deuxième étage.

« J’ai pensé que nous pourrions associer nos solitudes, créer un ensemble, un cadre. »

Ale prend une place importante dans la vie d’Anne.
Chaque jour elle vient, elle aide. Anne sait très peu de choses sur Ale, mais elle se confie beaucoup à elle.
La solitude qui la tenaille en fait une proie pour les prédateurs.

« La vie se retire et vous demande de vous concentrer sur vous, de grandir. »

Ale voyant Anne renoncer lentement à l’amour lui raconte une vieille légende Sarde.
Pour trouver l’amour, le vrai, il lui faut passer 5 nuits avec 5 hommes différents entre deux pleines Lunes.
Elle apprend à laisser son désir la submerger.

Parfois encore prisonnière de ce sentiment de culpabilité, cette éducation qui conspuait le plaisir, l’abandon de soi.
Chaque nuit un nouvel homme qui vient réveiller un homme du passé.
Anne comprend, elle exulte, vibre, s’autorise, danse, brûle.

« Luigi n’est pas revenu. Il n’allait pas revenir. Dès le lendemain, j’ai compris qu’il ne serait que l’homme d’une nuit. C’est peut-être pour ça que j’ai dansé. Dansé sur les cendres pour les éteindre, que les braises ne me brûlent plus. »

Puis la chute.
Le choc.
Quand la machination avale la réalité et ce qui vous appartenait encore…
Elle ne savait pas jusqu’où cette légende l’emmènerait…


• L’extrait :

« J’étais émue qu’on puisse m’aimer encore, que quelqu’un se penche sur moi avec précaution. J’étais émue de susciter ces émotions. »


• Mon avis :

Ce livre est incroyablement étonnant !
Je suis complètement bluffée par la capacité de l’auteur à se glisser aussi finement dans la peau et l’esprit de cette femme. Il en révèle une sensualité folle, des fantasmes retenus, maintenus par le poids d’une éducation qui bâillonne la moindre féminité.

L’écriture est d’une justesse infinie, la plume de David von Grafenberg vous emporte avec elle, de sa poésie, de son raffinement. Sans doute la même délicatesse avec laquelle il caresse un tissu dans un atelier.

Pour exemple cette phrase que j’ai tant aimée :

« Je n’ai pas rompu. J’ai juste cessé de lui répondre. Les grandes vacances, à cet âge-là, sont des marées : elles défont sans tempête. »

D’une intimité profonde on plonge dans les questionnements d’Anne, qui pense ne plus jamais pouvoir être aimée. Qui n’aspire qu’à retrouver cette liberté qu’elle ne s’est jamais autorisée. Répondre au désir.
Ne plus se juger.
C’est l’écriture d’une respiration, d’un lâcher prise auquel on aspire toutes. Celui d’être soi, de parfois se dévêtir du visage que nous présentons au dehors.

La construction est prenante, on sent que quelque chose de terrible va se produire. Jusqu’où Ale ira-t-elle ? Quel est son but ? Cette question nous tenaille jusqu’au dénouement qui au-delà même de la prouesse à nous surprendre, revêt un sens profond de l’image de soi au travers de l’art.
De l’épreuve comme une porte vers soi.

J’ai aussi beaucoup aimé les références dont l’auteur parsème le texte, ce film de Clouzot avec Brigitte Bardot qui m’a tant fait pleurer… La vérité. Cette femme folle amoureuse et pourtant jugée. Il cite également un roman de Nina Bouraoui (que je n’ai pas encore lu, mais dont j’ai profondément aimé Beaux Rivages) ; Nos baisers sont des adieux.

Bref, un grand bravo à cet écrivain que je découvre avec ce dernier roman et que je continuerai à suivre.
Vous l’avez compris ==>  À lire absolument !

 


• L’auteur :

David von Grafenberg

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Elevé en Allemagne, David von Grafenberg a très tôt mis à contribution son physique flatteur en embrassant une carrière d’enfant mannequin. Revenu en France, adulte, il devient créateur de mode. Son premier roman sort au début de l’année 2007, narrant l’histoire d’une descente aux enfers, dans les affres de la prostitution.

« Prostitué » est son histoire. Plus qu’une énième confession trash, David von Grafenberg émeut et signe un roman bouleversant.
« Le surveillant « paraît en 2009.
« Madame de X. » est son dernier roman.

 *Source : Babelio


• Références :

 

2 commentaires sur “Madame de X.

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