
• Le mood :
Cartésiens, accrochez-vous.
Un conte mystico-ésotérique qui m’a donné le sentiment de lire sous LSD ou sous champis… 🙂
• L’histoire :
Pavillon A, un vieillard murmure presque inaudiblement.
Au fond de son œil gauche, de l’ambre qui cherche la lumière pour faire revivre une petite sœur défunte.
Les souvenirs d’enfance qui reviennent.
Ils vivent en lui.
« Si sa voix est aussi imperceptible, c’est qu’il adresse son murmure à ceux qui se sont déposés dans les profondeurs de l’ambre. »
Une mère à l’esprit qui s’enfuit.
Des règles :
Ne plus parler mais murmurer.
Ne jamais s’aventurer au-delà du mur de briques.
Ne jamais ouvrir à un inconnu : se terrer.
Désapprendre son nom.
Elle leur demande d’oublier afin d’échapper au maléfice qui les menace tous.
À l’origine du drame ?
La mort d’un enfant.
Une petite fille disparue.
Léchée par un chien, la mère s’est convaincue d’un maléfice niant la réalité de la maladie qui lui enlevait sa fille.
Le visage enfoui dans les fleurs.
Cette odeur étrange de la mort.
Comment survivre à la perte d’un enfant ?
Réinventer un monde.
Une prison de peur. Un leurre.
Un replis dans l’univers.
Une folie dévastatrice.
Une mère tyran, qui séquestrera ses enfants durant des années.
Imaginer un monde enchanté.
Ajouter des queues et des ailes aux vêtements de ses enfants.
Loin de la douleur. Loin de la laideur.
Les enfants acceptent et invitent l’univers de leur mère sans oser contredire ses pensées.
Ils choisissent leurs nouveaux noms dans une encyclopédie des sciences :
Ambre
Agate
Et Opale.
Les arts, la musique et la nature sont trois composantes omniprésentes.
Les murmures aspirant vers le vide.
Pour ne pas faire trembler les murs.
• L’extrait :
« L’encyclopédie devient le lit du cours du temps dont chaque strate révèle un souvenir enfoui. »
• Mon avis :
Je ne vais pas vous mentir, je n’ai pas apprécié ma lecture.
Pourtant j’avais tant aimé Les tendres plaintes de la même auteure…
Mais là, impossible d’adhérer. J’y ai suffoqué. Un univers bien trop mystique, l’auteure nous emmène là où je ne pouvais la suivre.
Un sentiment terrible d’enfermement, de boucle infinie, de lenteur.
Le temps est une composante importante dans le travail de Yôko Ogawa, mais ici, il est vertigineux.
Le lecteur devient le prisonnier de l’histoire.
Une réalité complètement déformée, la folie d’une mère qui voit revivre sa fille défunte dans l’œil de son cadet, sur les pages d’encyclopédies de sciences…
Là où je pensais y trouver poésie et enchantement j’en ressors complètement vidée !
• L’auteur :
Yôko Ogawa
*Yôko Ogawa est une écrivaine japonaise.
Diplômée de l’Université Waseda, elle est auteur de nombreux romans – courts jusqu’en 1996 – ainsi que de nouvelles et d’essais.
Elle a remporté le prestigieux Prix Akutagawa pour « La Grossesse » en 1991, et également les Prix Tanizaki, Prix Izumi, Prix Yomiuri, et le Prix Kaien pour son premier court roman, « La désagrégation du papillon ».
Ses romans sont caractérisés par une obsession du classement, de la volonté de garder la trace des souvenirs ou du passé (« L’Annulaire », 1994 ; « Le Musée du Silence », 2000 ; « Cristallisation Secrète », 1994), cette volonté conjuguée à l’analyse minutieuse de la narratrice (ou, moins fréquemment, du narrateur) de ses propres sentiments et motivations (qui viennent souvent de très loin) débouchant fréquemment sur des déviations et des perversions hors du commun, le tout écrit avec des mots simples qui accentuent la force du récit.
D’autres thèmes sont abordés par l’auteure dans ses livres, comme la nostalgie, le deuil ou l’abandon, la folie ordinaire qui prend ses personnages pendant un instant.
Une adaptation cinématographique de sa nouvelle « L’Annulaire » est sortie en France en juin 2005, un film de Diane Bertrand avec Olga Kurylenko et Marc Barbé. Au Japon, « La Formule préférée du professeur » a été récompensé du Prix Yomiuri et y est également sorti en film (2005), en bande dessinée (2006) et en cd audio (2006).
On doit la très bonne traduction de ses livres en français à Rose-Marie Makino-Fayolle, mis à part deux textes par Martin Vergne.
Elle vit à Ashiya, Hyōgo, avec son mari et son fils.
*Source : Babelio
• Références :
- Instantanés d’Ambre
- Auteur : Yôko Ogawa
- Maison d’édition : Actes Sud
- Date de publication : Avril 2018