Je suis le genre de fille

• Le mood :

Si vous n’en pouvez plus de cette pression du OUI. Du bien-paraître en société, du devoir d’aller bien, des diktats du bio. Si vous ponctuez souvent vos phrases d’un « Mais quel connard ce mec », mais surtout que vous êtes habité(e) par cette question qui fait mal « Que pense-t-on de moi ? ». Alors vous êtes au bon endroit.


• L’histoire :

Rien que l’idée de ce dîner lui filait de l’urticaire !
Pourtant, Juliette a fini par dire oui. Et sombrer dans le champagne pour éviter une discussion d’intello-bobos.

« Il suffit que les conversations aient un lien avec la politique, l’art ou la littérature pour que j’augmente ma consommation d’alcool, que je me resserve alors que je n’ai plus faim (…) »

Les détester.

« Le sens de ma vie, si je l’étudiais, me conduirait inéluctablement vers la sortie. Je ne voudrais pas, de surcroît, que Dieu me le confirme. »

Le genre de fille arrangeante avec tout le monde. Sa fille, son ex-mari, ses amis, ses collègues.
Jamais un non de travers. Toujours un oui à l’envers.
Qui culpabilise toujours au moment de remplir son caddie de plats préparés et de produits chimiques à l’ère du bio.
Qui sent le poids du jugement lorsqu’elle dépose ses courses à la caisse.

Qui rêve d’ustensiles de cuisine high-tech alors qu’elle ne cuisine pas. Qui s’imagine comment ce serait si elle cuisinait.

Qui retombe amoureuse de son ex-mari à la vue d’une douche italienne et d’une cuisine aménagée dans un magasin de déco en réinventant le film de sa vie.

Le genre de mère célibataire qui part en guerre contre l’utilisation qu’a sa fille de SIRI l’espion technologique, et qui, le dos tourné, lui demande ce qu’elle va faire de sa vie et finit sur un forum pour suicidaires.

Le genre de fille qui un jour s’indigne à la caisse du supermarché après avoir laissé passer 3 personnes devant elle. L’événement traumatisant du non. Ses conséquences sur l’autre.

Le genre de fille qui va mal. Envoie un sms à son ex.
Et déclenche une tempête.
Se souvient des hommes de sa vie. Des amours passés. Des lectures qu’ils ont déclenché.

Le genre de fille qui érige des barricades de « peut-être » « j’ai l’impression » « il semblerait » pour éviter toute affirmation qui pourrait avoir pour retour une attaque en bonne et due forme.

Le genre de fille qui finit par ponctuer sa vie d’un « Mais quel connard ce mec. ».
Le genre de fille affairée à répéter le quotidien. Les vides. Les amours déçus.

« Décider que nous ne parviendrons pas à nous rendre heureux nous a permis de nous attendre là où nous n’arriverions jamais. »

Qui s’accroche à sa désespérance et finit par l’aimer. Se dit qu’aimer sans l’être, c’est ce qui la fait avancer, vibrer. Qu’elle s’en contente sans aspirer à accéder au bonheur.

Et si ne pas vouloir être heureuse été un droit ?
Et si se plaindre était un petit plaisir sournois ?

« Mais voilà, mes désirs manquent d’envergure. Je ne sais pas si c’est le mot qui convient,
« envergure ».
Une tristesse me traverse, et je ne trouve pas les bons mots, j’ai l’impression de patiner.»

Des aveux de petites absurdités du quotidien dont on se délecte.

« Quiconque m’approche sait que je peux dire une chose et son contraire, si le contraire a plus de sens au moment où je l’énonce. »


• L’extrait :

« Peut-être que s’entendre dire Non provoque des comportements bizarres dont je n’évalue pas encore toute la complexité. »


• Mon avis :

Juliette est désarçonnante. Entre humour et souffrance. Celle du non-dit. De la honte.
Beaucoup de tristesse derrière la tendresse et la fraîcheur du texte.
La sentir si petite aux yeux du monde. S’effacer, disparaître, presque.
Le texte est une danse entre passé et présent.
L’homme de sa vie est là puis disparaît. L’ex-mari est son mari puis n’est plus là lui non plus.

J’ai beaucoup aimé la construction du texte. Et la plume de Nathalie Kuperman.
La liberté d’écriture, de passer d’un sujet à l’autre au fil de la pensée. De nous embarquer dans des questionnements de l’intime. Que l’on ose à peine prononcer…

Un livre comme une construction fragmentée.
En le lisant j’ai repensé à Éparse, ces confidences si personnelles, cette mise à nu…

C’est aussi un livre qui exprime ce poids du regard des autres sur soi. La violence de certains silences, la récurrence de cette question fondamentale « Mais qu’est-ce qu’il peut bien penser de moi ? ».
La question de la perception du Moi par les autres est profonde dans le livre de Nathalie Kuperman.


• L’auteur :

Nathalie Kuperman

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Nathalie Kuperman est une auteure française écrivant aussi bien pour les adultes que pour la jeunesse.

Nathalie Kuperman aime par-dessus tout regarder le temps passer. Quand elle était enfant, les professeurs lui reprochaient de rêver, de ne rien faire. « Si faire signifie être constamment en activité, je trouve ça dangereux », dit-elle.

Aujourd’hui, sans doute grâce à ces moments de rêveries qui la rendaient coupable de ne pas travailler ou même de ne pas s’amuser, Nathalie Kuperman vit en écrivant… des romans pour adultes (« Le contretemps » aux éditions Le Serpent à plumes, « Rue Jean-Dolent », « Tu me trouves comment », « J’ai renvoyé Marta », « Petit éloge de la haine », « Nous étions des êtres vivants » aux éditions Gallimard, « Petit déjeuner avec Mick Jagger » aux éditions de l’Olivier), des livres pour enfants et adolescents, de nombreuses histoires pour la presse jeunesse.

Mais aussi des pièces radiophoniques pour France Culture et des scénarios de bandes dessinées: « Olga » dans Les p’tites sorcières et « Les bobards d’Hubert » dans Je lis des histoires vraies.


*Source : Babelio


• Références :

  • Je suis le genre de fille
  • Auteur : Nathalie Kuperman
  • Maison d’édition : Flammarion
  • Publication : Mars 2018

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