La meilleure façon de marcher est celle du Flamant Rose

• Le mood :

Il aurait pu s’agir d’un livre feel good. Mais du tout ! Un roman d’un humour et d’une profondeur incroyables.
À lire absolument, si vous allez bien, si la vie vous envoie ses épreuves, si vous venez d’être quittée, si vous avez cette sensation de boitiller dans la vie plutôt que d’y courir.


• L’histoire :

Ce livre est une tartine de drôleries sur fond de larmes enfouies.

« On dirait qu’il revient de Verdun. »

Cette phrase comme un coup de baïonnette.
Pied de nez à tous ces hommes qui ont tant souffert.
Sont tellement abîmés qu’ils pointent au Pôle Emploi du sentiment même au beau milieu d’une histoire !

« Tu es une fille formidable »

Bref vous avez compris.

Enaid a 30 ans, et vient de se faire quitter par téléphone.
Seule, au beau milieu de la Pologne.

La peur de ne jamais être aimée comme elle aimerait l’être.
Je repense à cette scène du film « Et Dieu créa la femme » avec Brigitte Bardot qui crie au frère d’Antoine de l’aimer fort, de lui dire qu’il a besoin d’elle, de la serrer, de ne plus jamais la relâcher…

« Et si jamais je ne trouvais personne qui m’aime ? »

Et si les fées qui se sont penchées sur son berceau étaient simplement bourrées ?

« De toute façon sachant que celui qu’on aime est à 73% fait d’eau, si ça se trouve je ne suis pas amoureuse, juste déshydratée. »

L’humour est sa pudeur.
Son arme à la vie.
La réponse réside peut-être dans la faculté à s’aimer soi-même. Enaid le sent.
Mais comment s’aimer soi-même lorsqu’on ne l’a pas été enfant ?
Derrière le verbe se cache les blessures.
Celle d’un abandon.
Celle d’une cheville mal soignée.
Un accident de cheval,
La vie qui se dresse, bancale.
La peur du noir.

« À croire que la beauté ne prémunit d’aucun malheur. »

Orpheline à trois ans, Enaid grandit chez des grands-parents qui s’en remettent au ciel et au curé pour conjurer sa féminité naissante.
Son propre corps comme un interdit.
Des seins qui poussent telle une tumeur.

L’histoire d’Enaid c’est surtout celle d’un long voyage.
La quête de soi.
Pour se trouver là où elle ne le pensait peut-être pas.
Élève surdouée,
Ce sera Biarritz et Ibiza. Des pilules et de la joie !
Des forêts aux sons qui soulèvent les cœurs et la font se sentir vivante.

Et puis une obsession.
Retrouver le père.
Faire enfin taire le silence.
Trouver le repère. Comprendre.
Et plus que tout, devenir quelqu’un.

« Je lirai chacun de ces livres, je m’envahirai de leurs mots, je deviendrai quelqu’un. Plus jamais on ne me dira que je ne compte pas. J’ouvre une nouvelle page de ma vie, j’aurai voix au chapitre. »

Suivre un pervers narcissique en Italie.
Réciter Platon.
Manger pour oublier. Trop.
Remplir ce vide.

Et cette cheville qui boîte et que l’on ne regarde pas…
Reflet d’un cœur que l’on ne caresse pas.
Elle se battra pour ne pas perdre son pied.
Boiter tant pis, mais marcher ça oui !

En la lisant, on se dit que oui, « nous sommes tous des flamants roses ».
Les bleus de l’enfance qui résonnent en nos cœurs.
Une belle histoire sur la construction de soi.

Puis, plus de logique. Ni de coupable.
Des êtres qui ont fait comme ils ont pu…

« Tous les hommes peuvent enfanter, peu réussissent à être père, c’était aussi cela, Jean. Un homme qui se débat avec son passé. »

L’absence au creux des bras.


• L’extrait :

« On peut se laisser choir lorsque l’on tombe ou faire le saut de l’ange. Être boiteux ou devenir un flamant rose.»


• Mon avis :

Un vrai coup de cœur.
J’ai adoré la plume de Diane Ducret. Le refus du pathos et du larmoiement.
Ses tourments racontés avec pudeur mais également une fraîcheur et une force incroyable.
L’auteure se livre à nous sous son personnage du nom d’Enaid.
Se cache derrière quelques lettres inversées et nous offre ce roman tout en sensibilité mais aussi d’une combativité redoutable.
Une offensive contre la résignation. C’est prendre la vie avec ce qu’elle nous offre mais ne jamais accepter. C’est être fragile, parfois boitiller mais ne jamais s’arrêter. C’est apprendre que l’on mérite d’être aimé et que cela passe avant tout par soi.
Je ne regarderai plus les flamants roses de la même manière. J’aurai toujours une pensée.
Alors si vous aussi vous arrêtiez à la couverture quelque peu feel good, tournez la page, vous pourriez être surpris.


• L’auteur :

Diane Ducret

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*Normalienne, historienne, philosophe et journaliste, Diane Ducret, qui n’a pas 30 ans, a animé le Forum de l’histoire sur la chaîne Histoire, et réalise des documentaires pour l’émission « Des Racines et des ailes ».

En 2011, elle sort son premier livre, « Femmes de Dictateur », best-seller en France et traduit dans vingt langues. Un second tome paraît en 2012.

En 2013, elle publie « Corpus Equi », prix du premier roman à La Forêt des livres, coup de cœur de l’émission Le Masque et la Plume, un roman autobiographique véritable ode au cheval et à la liberté.

Elle publie en 2014 un essai sur le sexe féminin, « La Chair interdite » aux éditions Albin Michel.

En 2015, elle publie aux Éditions Perrin / Plon un ouvrage intitulé « Lady Scarface » qui raconte les destins croisés de femmes de gangster de la pègre américaine.

En janvier 2017, elle publie chez Pocket « Les Marraines du Crime », un ouvrage dans lequel, à partir d’archives déclassifiées, de journaux de l’époque, d’entretiens avec des descendants et de documents inédits, Diane Ducret dévoile l’intimité de ces femmes gangsters américaines durant les années folles.

En mars 2017, elle publie aux Editions Flammarion « Les indésirables ». Dans cet ouvrage, Diane Ducret nous raconte l’histoire du camp de Gurs dans les Pyrénées-Atlantiques.

*Source : Babelio


• Références :

  • La meilleure façon de marcher est celle du flamant rose
  • Auteurs : Diane Ducret
  • Maison d’édition : Flammarion
  • Publication : Février 2018

8 commentaires sur “La meilleure façon de marcher est celle du Flamant Rose

  1. J’avais lu les premières pages. J’avais bien envie de continuer, mais c’était un livre que je devais justement transférer à un auteur pour un salon. Dommage… Je pense quand même me le procurer à l’occasion, car ça avait un goût de trop peu !

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