
• Le mood :
Un récit du cœur.
Un roman pour redonner vie à la femme, à l’artiste qu’était Paula M. Becker.
• L’histoire :
Paula M. Becker
Visionnaire. Sans aucun doute.
Oubliée des siens. Délaissée des Arts.
Elle peindra des nus et des morts
Un temps sans voix pour la femme
« Elle devrait peindre des natures mortes. »
Qu’importe.
Paula peint et aime Clara
Clara sculpte et aime Rilke
Rilke écrit et aime Paula
« Rainer Maria Rilke hésite. Paula, Clara. Son cœur balance. Son goût va au trio. Ça durera toute sa vie. »
Otto peint et aime Hélène.
Hélène meurt.
Paula se mariera à Otto Modersohn.
Une colonie d’artistes qui vit à Worpswede.
La nature pour seule muse.
Une vision précise du paysage. Celle de l’homme.
« Rilke pense que les peintres savent vivre, toujours. L’angoisse, ils la peignent. Van Gogh à l’hôpital peint sa chambre d’hôpital. Le corps des peintres et des sculpteurs est actifs. Leur travail est à ce mouvement. Lui, poète, ne sait que faire de ses mains. Il ne sait pas être vivant. »
L’auteure tire des fils. Une Allemagne paisible.
Qui bientôt ne sera plus.
Suivre le torrent des mots. Trouver un sens.
Paula ne connaîtra pas ces années sombres.
Elle mourra bien avant.
L’auteure s’amuse des visions qui parfois divergent.
Elle pioche des morceaux dans leurs carnets.
Il est question d’amour.
De pureté virginale de la femme Allemande.
Une vision d’homme. Là encore.
« Les rencontres nous signent. Nous devenons des livres d’or. Nous apprenons à parler des mots donnés par nos aînés. Quand Rilke revoit Paula, « sa voix avait des plis comme la soie. »
L’auteure s’interroge.
Quel nom donner à Paula.
Avons-nous un nom, nous les femmes ?
Celui de l’épouse ? Celui du père ?
Quel est le nôtre ?
« Les femmes n’ont pas de nom. Elles ont un prénom. Leur nom est un prêt transitoire, un signe instable, leur éphémère. Elles trouvent d’autres repères. Leur affirmation au monde, leur « être là », leur création, leur signature, en sont déterminés. Elles s’inventent dans un monde d’hommes, par effraction. »
Rilke est transcendé.
Elles sont belles et pures. Brune et blonde.
Des roses, des rameaux de châtaignier, des prières.
L’amour, Paula ne le connait pas.
Être seule. Elle. Son atelier.
Elle veut peindre. Des choses douces et fragiles.
Elle respire Cézanne. Elle boit Gauguin.
« Paula est morte dans une Allemagne innocente. »
Paula.
Entre la mélancolie et la joie.
La lumière de Paula.
Paula n’est pas faite pour le mariage.
Elle aime sa solitude.
La Lande, y marcher, s’y perdre
Elle réclame Paris.
Lui, ne voit que ses devoirs d’épouse.
« L’expérience m’a enseigné que le mariage ne rend pas plus heureuse. Il ôte l’illusion d’une âme sœur, croyance qui occupait jusque-là tout l’espace. Dans le mariage, le sentiment d’incompréhension redouble. »
Paula peint les jeunes femmes.
Tente de capturer silencieusement la pensée
Celle qu’elles partagent
La désillusion, vouloir s’échapper
Ces femmes aux devoirs établis
On hisse parfois l’amour trop haut
Le mariage déterre les jeunes illusions
Et si l’amour était trop égoïste ?
Peindre
S’éloigner du modèle masculin.
Rien n’est naïf.
Aller chercher le complexe dans les visages.
Paula.
Une femme qui peint des femmes.
Ces corps exposés,
Graves.
Pas d’ombre chez Paula
Le corps
Le regard tel qu’il est
Peindre ces visages en plein soleil
Ne pas ajouter ces fantasmes masculins
Qui masquent nos âmes.
N’ajouter aucun sens caché
Laisser la femme telle qu’elle est
Telle qu’elle existe
Être là. C’est déjà une splendeur non ?
Retourner à Paris
Ingres, Rembrandt, Véronèse, Goya
Boire les couleurs
Suivre la ligne
La Toile et le pinceau comme seul horizon
« La travaille, c’est mon bonheur. »
Des œufs à la coque en guise de dinette.
Préférer l’absent.
Jouer à redevenir enfin soi.
Respirer de plaisir.
Aimer le vert en désordre
Se baigner nue.
Otto peine à suivre.
Paula vit trop fort.
Son cœur sur le dos
Ses pinceaux dans les poches
Paula quitte Otto et part.
Elle veut exister.
Ne plus être Becker
Ne plus être M.
Être quelqu’un.
Un printemps et deux étés à vivre.
Elle ne le sait pas.
C’est ce qui lui reste.
Paula.
Son empreinte sur des sels argentiques.
Ses seins nus et droits.
Son collier d’ambre.
Ses mystères.
Emportés avec elle.
Paula meurt.
L’écrivain lui rend la vie.
« Les morts reviennent ».
• L’extrait :
« Ils ne le savent pas — si jeune, on ne sait pas que c’est la dernière fois, et quand le survivant se retourne sur les phrases, leur sens déborde sur le néant. Ils ne partageront plus d’été, ils ne se promèneront plus ensemble, il n’y aura plus jamais de dimanche avec Paula. »
• Mon avis :
Un joli roman.
Écrit avec tout le cœur de l’écrivaine.
Vouloir faire revivre Paula.
Lui rendre justice, lui rendre sa place au rang des grands peintres.
Pourtant, il m’a manqué quelque chose.
Elle n’a pas su m’emmener comme Charlotte de David Foenkinos.
Le magistral Charlotte. Sa pensée, son intensité…
Dans ce livre il y avait trop de Rilke, de Otto, de Clara.
Pas assez de Paula.
J’en voulais plus. Encore plus.
Des morceaux de récits, des phrases tirées de carnets.
J’aurais aimé qu’elle imagine ce qu’elle n’a pas réussi à trouver.
Je reste sur ma faim.
Je suis heureuse de connaître Paula.
Mais j’aurais aimé la connaître mieux. De l’intérieur.
• L’auteur :
Marie Darrieussecq
* Marie Darrieussecq a été élevée dans un petit village du Pays basque. Elle reste d’ailleurs très attachée au Pays basque, où elle revient régulièrement.
Après de brillantes études de lettres, Darrieussecq publie son premier roman, Truismes, en septembre 1996. Elle l’a écrit pendant qu’elle finissait son doctorat et qu’elle était chargée de cours à l’université Lille 3. Paul Otchakovsky-Laurens l’a publié ainsi que tous ses autres textes.
Elle a apporté son soutien à Ségolène Royal pendant la campagne présidentielle de 2007.
Marie Darrieussecq est aussi psychanalyste.
Depuis 2001, elle est marraine du Réseau DES France, une association d’aide et d’information aux victimes du Distilbène et aux parents d’enfants nés prématurés à cause de cette hormone de synthèse.
Depuis janvier 2007, elle est aussi marraine de l’association Bibliothèques sans frontières, une jeune ONG qui vise à faciliter l’accès au savoir dans les pays en développement.
En 1998, l’écrivain Marie NDiaye l’accuse de la « singer. » En 2007, c’est Camille Laurens qui porte l’accusation de « plagiat psychique » contre Marie Darrieussecq.
« Rapport de police », son premier essai, consacré au thème du plagiat, paraît en 2010.
En 2011, elle publie « Clèves, » roman sur l’éveil à la sexualité d’une jeune fille des années 1980.
À partir de septembre 2011, elle tient sur France Culture dans l’émission Les Matins, une chronique hebdomadaire intitulée « Place aux femmes. »
En 2013, elle obtient le prix Médicis pour son roman « Il faut beaucoup aimer les hommes. »
En 2014, elle est nommée membre du Conseil stratégique de la recherche.
En 2017, sort « Notre vie dans les forêts », l’histoire d’une femme psychologue réfugiée dans une forêt qui écrit un journal et se rappelle une jeune fille qui lui ressemblait.
*Source : Babelio
• Références :
- Être ici est une splendeur
- Auteurs : Marie Darrieussecq
- Maison d’édition : Gallimard
- Publication : mars 2016
Plagiat psychique ? Ça c’est de l’accusation quand même !
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De quel plagiat psychique parles-tu ? 😐 Je n’ai jamais parlé de cela dans ma chronique 🙂
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Tu en parles dans la bio de l’auteur, c’est l’accusation que Camille Laurens aurait faite à Marie Darrieussecq !
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Ah oui dans la bio 🙂 Oui c’est exact ☺️ C’est la biographie d’après Babelio. Je t’avoue n’avoir pas suivi cette histoire entre les deux auteures à l’époque. Mais je suis d’accord avec toi c’est assez violent comme accusation. Ils parlent même de « singer ». Des mots assez forts… je ne l’ai pas ressenti en lisant ce livre en tout cas ☺️
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