
• Le mood :
Un retour aux sources de l’enfance, à la profondeur des sentiments qui animent nos âmes et surtout à ce grand besoin d’amour.
• L’histoire :
« Papa il est perdu. Papa il a perdu. Il nous l’a dit l’autre jour. Maintenant que tu n’es plus là, il ne va pas mourir tout de suite mais il va mourir jusqu’au bout. »
Dans ce roman, Cali nous confie ses blessures d’enfant. Sa première épreuve qui allait lui retirer toute l’insouciance que le monde lui avait offert. À 6 ans, le petit Bruno perd sa maman et nous raconte avec ses mots, son regard.
Cette maman, Mireille, c’était aussi sa maîtresse. Il était le seul à se voir offrir des sourires de maman dans la cour de l’école. Puis un jour, envolée.
Il était trop petit pour affronter la mort d’une maman. Trop petit pour voir le cercueil rejoindre la terre.
C’est à travers les volets entrouverts de sa maison qu’il suivra sa dernière promenade jusqu’au cimetière. Un moment volé.
On découvre alors un père effondré, un père qui dorénavant « mourra toujours » malgré ses enfants qu’il aime plus que tout. Des amis viennent et, comme pour écarter la douleur, atténuer le souvenir trop vif, faire fuir cette mort trop odorante ils brûleront tout de Mireille. La mort ne fait pas bon ménage avec les vivants.
Bruno revient à l’école en héros, une pluie d’amour et de tendresse s’abat sur son petit cœur froissé, il est le centre de tout. Il l’accepte comme un bonbon. Mais un petit nouveau arrive bien vite et pourrait bien lui voler la vedette ; Alexandre Jolly. Beau, intelligent, des habits superbes. Le désir d’être aimé de lui en fera très vite son Alec, au regard tragique. Le seul qui le comprendra, l’inconditionnel qui l’accueillera entre ses bras quand les questions l’assaillent : la punition, la culpabilité, la faute…
D’un côté Bruno qui a perdu sa mère, de l’autre Alec qui ne peut atteindre son père ; dur comme un roc. De vrais partenaires qui n’ont plus qu’à s’aimer très fort.
Parce qu’à cet âge-là, la pudeur de l’amour n’existe pas. On ne connaît pas encore ses douleurs. On aime sans compter. Éperdument.
« Depuis ton départ, un voile noir a recouvert notre maison. Nous peignons tes silences sur les papiers chagrins des murs. »
La poésie ponctue le cheminement de l’enfant, l’accompagne dans tous ses combats.
« Tu me manques à crever, maman. Jusqu’à quand vas-tu mourir ? »
Ce petit mort aux pieds trop grands qui ne meurt pas. Une appendicite, une péritonite, un bonbon qui fait fausse route… Et pourtant la vie le prend contre son gré, malgré ses silences, son mutisme, ses révoltes, ses entêtements.
« Je redescends de la haute montagne, d’un Everest d’enfance. J’ai les yeux brûlés. Ai-je le droit d’être si heureux ? »
Il est où Dieu quand les mamans meurent laissant seul un enfant inconsolable ?
Il est où Dieu quand les hommes brûlent tout ce qu’il restait de vie de ceux qui les quittent ?
Il est où Dieu quand le vide en nous est tellement grand, quand le désir d’amour prend tout, même nos vies ?
Il est où Dieu quand la mort finit par devenir une peur qui se cache dans chaque signe de la vie?
• L’extrait :
« La vie n’attend personne au bord de la route. Elle n’admet aucune excuse. Elle est comme ça, la vie qui passe. »
• Mon avis :
Recouvrer les mots d’un enfant aurait pu être d’une mièvrerie navrante. C’est là le talent de Cali, ses dentelles de mots, sa tendresse et toute sa poésie. L’a-t-il quitté un jour cet enfant pour en parler si bien ?
Je suis passée par de nombreuses émotions à la lecture de ce roman.
J’ai eu le cœur tout mou pour ce pépé au cœur tendre. Défendant bec et ongle la moindre bêtise de son Bruno, Allant même jusqu’à se sacrifier en portant la honte de celui qui avait attrapé des poux. J’ai ri au passage du petit Bruno tombé malade parce qu’il mangeait en cachette les crottes de son chien qu’il cachait aussi dans ses poches.
J’ai eu le cœur serré à l’évocation de certaines scènes qui pourraient sembler banales, mais vous savez ce genre de scènes qui vous renvoient à des souvenirs lointains, il ne manquerait plus qu’une petite musique pour verser une larme sur le film que l’on est en train de se passer tout seul. (J’ai déjà pleuré devant la vieille pub Herta du petit garçon qui joue tout seul dans la nature oui oui, les trentenaires comprendront…).
Ces images de l’enfant bravant le vide de son bâton de bois, se battant avec l’espace en imaginant des tas d’assaillants, le cul dans la terre. J’ai été renvoyée des années en arrière. Me suis revue jouer dans les champs avec ce que m’offrait mon imagination.
Une écriture bouleversante et très tendre.
• L’auteur :
Cali
*Cali est auteur-compositeur-interprète. Sa discographie compte à ce jour sept albums. Seuls les enfants savent aimer est son premier roman.
*Source : Éditions du Cherche Midi
• Références :
- Seuls les enfants savent aimer
- Auteurs : Cali
- Maison d’édition : Cherche Midi
- Publication : janvier 2017
Merci pour votre billet!
La poésie que tu vous notez ne m’étonne pas de sa part.
Cali manie parfaitement les mots dans ses chansons et je suis ravie de lire une belle critique!
Très envie de l’acheter, vous me confortez dans mon opinion ! 😊
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Je suis bien d’accord avec vous, un véritable talent pour les mots. J’espère que vous l’aimerez tout autant que moi 🙂 Belle lecture☺️
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Merci bien 😊
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Très envie de lire ce roman. Je pense depuis longtemps qui Cali a un talent d’écrivain, l’art de raconter, de décrire…Merci pour votre article, Hâte de le lire.
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Comme vous je trouve qu’il a ce don pour les mots. C’est un très joli livre qui nous embarque dans l’intimité de son enfance. Belle lecture à vous ☺️
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