La zone des murmures

• L’auteur :

Natacha Nisic

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*Natacha Nisic, d’origine serbe, née à Saint-Maurice en 1972, vit à Paris.
Après des études de Littérature Générale et Comparée, elle se consacre à l’écriture tout en effectuant des missions de lectrice ou de rédactrice.
A 25 ans, elle publie son premier roman : La tentation de Lazar, aux Editions L’Âge d’Homme. Ce texte, remarqué par la presse, sera finaliste du Prix Littéraire de la Vocation et sélectionné pour le Prix de Flore.

En septembre 1999 sort son deuxième livre : Le tatouage d’Eléonore, au Castor Astral.
Entre-temps, elle travaille comme traductrice et interprète du serbo-croate pour la plupart des chaînes de télévision française (émissions Zone Interdite, Envoyé Spécial, Qu’est-ce qu’elle dit Zazie ?, Journal de 20h de TF1, Le vrai journal.).
Puis elle écrit Incendie, publié en 2003 chez Calmann-Lévy.
Suit Une vague odeur de tabac froid, chez le même éditeur en mars 2004 et dernièrement : La zone des murmures paru le 24 août 2017 aux Éditions TohuBohu.

*Sources : Babelio


• Le mood :

Si vous êtes de ceux qui aiment se perdre dans les rues, laissant le hasard les guider, de ceux qui aiment se mettre en danger, alors La Zone des murmures pourrait bien vous transporter.


• L’histoire :

Le livre commence mystérieusement avec le signalement de la disparition d’une femme.
42 ans
1,69m
53kg…

Partir.
Frankie et Lise fuient leur agence web parisienne pour un week-end déconnecté dans les Alpes. Ils n’emporteront rien d’autre qu’un appareil photo. Mais plus que leur austère et caverneuse agence c’est leur boss qu’ils cherchent à fuir. Un tyran psychotique et paranoïaque qui tente de développer un système virtuel ayant pour vocation de continuer à faire vivre les morts virtuellement. Une sorte de réalité augmentée.

Reproduction de leur voix sous une forme synthétique. Vieillissement virtuel pour leur redonner les années qu’ils n’auront jamais plus… Cela a de quoi glacer le sang !

Très vite, nous comprenons en avançant dans le récit, que Frankie nous emmène (nous et Lise) sur les traces de ses parents disparus. Ce village reculé au cœur des Alpes n’a pas été choisi de manière anodine.

Mais RIEN ne se passera comme ils l’avaient prévu.
Voilà qu’ils se perdent sur la D717…

C’est alors que tout bascule, pour Frankie et Lise mais également pour nous ; lecteur.
L’écrivaine nous immerge dans un univers dérangeant, sombre et hostile, faisant naître des sentiments étranges comme cette vilaine sensation de quelque chose qui vous gratte sans que vous n’arriviez à localiser l’endroit exact de la piqûre.

Nos deux personnages vont être confrontés à leurs peurs les plus enfouies et à leurs traumas familiaux.

Nous avançons à tâtons. Tentant de démêler le pourquoi du comment, les réactions étranges de Frankie, cette froideur de Lise durant toute la première partie du récit.

De quoi a-t-elle peur si ce n’est d’elle-même ? De ses sentiments ?

Nous faisons la rencontre de personnages tout droit sortis d’un conte noir et effrayant : deux très vieilles femmes de 124 ans – des sorcières ? – qui tenteront de les dissuader de continuer leur périple sous peine de risque de mort… Invoquant ainsi les pouvoirs mystérieux de la montagne aux disparus…

Tout cela est-il bien réel ? Est-ce leur imagination ? Un délire ?

Vous y croiserez également de nombreux insectes, que l’auteure a voulu très présents tout au long de son écriture ; surgissant telles nos phobies les plus profondes. Parsemant notre chemin d’étranges papillons suceurs de sang, de fourmis géantes, de sauterelles, d’araignées…

Vous vous demandez ce que je suis en train de vous raconter hein ?

Et bien lisez l’histoire. Je ne veux pas vous en offrir la clé, ni le dénouement au risque de briser toute l’intrigue. Il faut le vivre.


• L’extrait :

« Il me reste ça : une fosse et des fleurs en plastique.
À force de couler, de dégouliner, les larmes avaient creusé des ombres violettes sur tes joues, en forme d’entonnoirs ; on aurait dit des larmiers de guépard. Tu étais prise dans une spirale redoutable, et te demandais toujours comment on allait faire pour s’en sortir… N’ayant plus peur de rien  – ni de la mort ni de se perdre – tu m’as largué dans un train, très tôt, un samedi matin. »


• Mon avis :

Quel étrange et beau livre… Haletant.
Dans la vie, j’adore me perdre.
Et bien me perdre avec Natacha Nisic a été un véritable plaisir. Ça faisait longtemps que je n’avais pas été tant surprise par la construction d’un récit. Je suis passée par un peu tous les sentiments, complètement emportée par l’intrigue et bousculée sans cesse dans mes certitudes au fur et à mesure que j’avançais dans ma lecture.

Je n’avais qu’une envie c’était lire pour comprendre. Bravo à l’auteure d’avoir su si bien tisser les contours d’une réalité faite d’illusions profondes, dénonçant ainsi les travers du digital, prônant un retour à l’essentiel.

En sondant les peurs intimes des personnages, Natacha Nisic confronte, avec une habileté déconcertante, le monde urbain suffoquant et pollué au monde sauvage et naturel. Le passé et le présent… Les objets connectés et la réalité du papier, d’un dictionnaire qui contient en lui le monde entier.

Ce livre pose plusieurs questions :

  • Que font de nous les traumas de l’enfance ? Comment nous façonnent-ils ?
  • Qu’est-ce qui est vraiment important, essentiel ?
  • Qu’est-ce que vivre ?
  • Comment devenir/découvrir qui nous sommes ?

Et si cette zone des murmures n’était rien d’autre que nous-même, nos limbes, nos profondeurs. Là où sommeillent nos peurs et nos questions. Là où dorment les réponses. 

J’ai beaucoup aimé la poésie du récit, les images que l’écrivain nous offre comme des éléments de contes ou de cauchemars d’enfant. J’ai aimé son univers angoissant mais si plein d’amour. Et j’ai adoré être malmenée jusqu’à comprendre ENFIN pourquoi.

2 commentaires sur “La zone des murmures

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