La plus que vive

• L’auteur :

Christian Bobin

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*Né le 24/04/1951
Christian Bobin, né en Saône-et-Loire où il demeure, est un écrivain et poète français.
Après avoir étudié la philosophie, il a travaillé pour la bibliothèque municipale d’Autun, à l’Écomusée du Creusot et a été rédacteur à la revue Milieux; il a également été infirmier psychiatrique.

Ses premiers textes, marqués par leur brièveté et se situant entre l’essai et la poésie, datent des années 1980.
Connaissant le succès à partir notamment d’Une petite robe de fête (1991), il reste un auteur assez discret.

En 1992, il rencontre un autre succès, grâce à un livre consacré à saint François d’Assise: Le Très-Bas, Prix des Deux Magots en 1993 et Grand Prix catholique de littérature. Il publie en 1996 La Plus que vive, hommage rendu à son amie Ghislaine, morte à 44 ans d’une rupture d’anévrisme.

Ses thèmes de prédilection sont le vide, la nature, l’enfance, les petites choses. 

Chroniqueur, il tient la rubrique « Regard poétique » pour le bimensuel Le Monde des Religions. Il a également préfacé ou postfacé quelques ouvrages, notamment deux livres de Patrick Renou.

Il reçoit le Prix d’Académie 2016 pour l’ensemble de son œuvre.

(*Sources : Le monde des religions – Babelio)


• Le mood :

Besoin d’un chant d’amour ? Je crois que Christian Bobin est, pour moi, celui qui touche et approche peut-être le plus cette vérité que l’on cherche tant et qui nous échappe trop souvent. Qu’est-ce que l’amour ?


• L’histoire :

« Désespérer de l’amour c’était pour toi une manière d’aimer encore. »

Ghislaine est décédée à 44 ans en 1995. Ce n’est pas un grand vide qu’elle a laissé, mais un plein d’elle dans tout ce qui vit. Les arbres, une cabine téléphonique, la neige, un chemin, « partout à l’horizon ».

Cette amour, il l’a observé 16 années durant, l’a regardé évoluer, se marier divorcer, se remarier et re-divorcer. Avec lui, elle ne se mariera pas. Il jalousera au début ce droit que d’autres ont eu et comprendra finalement. Comprendra que la vouloir ainsi c’était ne pas la vouloir comme elle était. Libre. Profondément libre. Dans un amour entier qui pouvait ensevelir qui s’en approchait de trop près. Ses enfants s’en défendaient parfois, une mère gourmande d’amour et parfois dévorante. Mais un amour fort, comme un rempart contre la laideur de la vie.

La laideur. Ça aussi, elle lui aura appris. Ne voir que le beau même dans ce qui est laid. Aimer la vie même quand elle vous déplaît.

Bobin nous parle de cette liberté dans l’amour. Cette liberté qu’elle avait décidé de saisir malgré le prix qu’il en coûte parfois. Une liberté qui n’évite pas les blessures, les déceptions, la désillusion, le désespoir parfois. Désespérer d’aimer.

Il nous parle de ce rire qui la caractérisait si bien. Son rire, qui fend les pages qui défilent sous nos doigts. Si l’on tend l’oreille, on l’entendrait presque au travers des mots qui les décrivent. Elle. Son rire.

C’est ce rire que je garde en refermant ce livre. Celui de La plus que Vive.


• L’extrait :

 

«On peut donner bien des choses à ceux que l’on aime. Des paroles, un repos, du plaisir. Tu m’as donné le plus précieux de tout : le manque. Il m’était impossible de me passer de toi, même quand je te voyais tu me manquais encore. Ma maison mentale, ma maison de coeur était fermée à double tour. Tu as cassé les vitres et depuis l’air s’y engouffre, le glacé, le brûlant, et toutes sortes de clartés. Tu étais celle-là, Ghislaine, tu l’es encore aujourd’hui, celle par qui le manque, la faille, la déchirure entrent en moi pour ma plus grande joie. C’est le trésor que tu me laisses : manque, faille, déchirure et joie.»

 


• Mon avis :

Qu’y a-t-il comme plus grande preuve d’amour que d’écrire sur la femme que l’on aime ?

Raconter qui elle a été et qui elle est. Bobin a ce génie du poète qui fait vivre l’autre jusque dans la mort.

Même s’il avoue ne pouvoir déchiffrer ses mystères jusqu’après sa disparition. Lire tant d’amour. Lire qu’une personne a été tant aimée fait un bien fou. Il y a encore de grands amoureux. Un amour entier. Un amour comme il en est rare. Une ôde à la vie.

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