
• L’auteur :
Yasmina Reza
*Yasmina Reza (Évelyne, Agnès, Yasmina Reza, dite) est une femme de lettres française, née le 1er mai 1959 à Paris.
Elle est une auteure à la production très variée (théâtre, romans, scénarios). Sa pièce « Art » (1994) est une réussite internationale qui la fait connaître du grand public. Ses œuvres, adaptées dans plus de trente-cinq langues, ont reçu de nombreux prix, dont des prix anglo-saxons prestigieux : deux Tony Awards et deux Laurence Olivier Awards. En novembre 2016, elle reçoit le prix Renaudot pour son roman Babylone.
(*Source : Wikipedia)
• Le mood :
Un petit coup de mou en ce moment ? Est-ce que rire de la mort des autres vous remonterait le moral ?
Ce n’est pas hyper sympa je vous l’accorde, mais je dois être honnête et avouer avoir ri de certaines scènes…
Si vous aimez les polars noirs qui portent un regard d’une extrême intelligence sociale, et qui savent manier l’humour et la satyre comme personne, ce petit bijou est pour vous !
• L’histoire :
L’histoire ? Un dîner bobo dans une banlieue parisienne qui va tourner au drame. Mais c’est tellement plus que ça.
Elizabeth, notre narratrice, propose d’organiser un dîner entre amis issus de la bourgeoisie mais insiste également auprès de son mari pour y inviter ses voisins de l’appartement du dessus ; Jean-Lino et Lydie Manoscrivi.
Un couple normal, que rien ne prédisposait au drame.
« Nous ne sommes pas prévenus de l’irrémédiable. »
Elizabeth, fine observatrice de la vie de ses voisins s’est laissée attendrir par Jean-Lino, tyrannisé par le petit fils de Lydie, sa compagne, qui n’est pas le sien, mais tentant par tous les moyens de se faire aimé de lui.
Les inviter pourrait donc animer le dîner et divertir ses amis. Et en effet, les rires sont là, la soirée se déroule joyeusement entre le plat et du bon vin. Les répliques joyeuses allant bon train, Jean-lino se permet même une petite boutade en se moquant de Lydie qui déclarait ne pas vouloir manger de poulet si elle n’était pas certaine qu’il été bio et avait été élevé en plein…
C’est ici que tout bascule. Une phrase pour rire, qui tue…
La satyre sociale laisse sa place au polar, mais pas un polar classique non.
À la fin du dîner, tout le monde rentrera chez soi, les Manoscrivi remontant dans leur appartement. Mais la réplique cinglante de Jean-lino sur le poulet reste en travers de la gorge de Lydie. Et l’irréparable se produit.
Elyzabeth va prendre une place centrale pour aider Jean-lino à camoufler son meurtre. L’absurde se mêle à des vérités profondes, le cocasse donne son style si théâtral au roman.
On ne ressort pas indemne de Babylone.
Un polar qui vous arrache des sourires. Un bijou dans lequel se mélangent le récit de la narratrice et de l’auteure. Son obsession de la mort, de l’existence & de l’inexistence.
• L’extrait :
« Dès qu’on met le pied sur Terre, il faut renoncer à cette idée de permanence.«
• Mon avis :
Un bijou dans lequel se mélangent le récit de la narratrice et de l’auteure.
Son obsession de la mort, de l’existence & de l’inexistence. Il me semble parfois que les observations du monde qui entoure le personnage principal sont profondément personnelles.
D’une photo d’un voyage en Egypte et la narratrice rebascule en enfance se revoyant, mal fagotée, sa mère peu attentionnée. Et pourtant elle en saisit « toute la force de cette vie minuscule ».
Yasmina Reza c’est ça, ce sont les détails de notre vie, de nos milieux sociaux, des années qui dessinent sur nos visages les tranchées de nos vies, nos solitudes profondes malgré nos existences bruyantes et entourées.
Ces gestes infimes qui la bouleversent tant ils sont révélateurs d’un mal-être que personne d’autre n’avait décelé autour de cette table, de ce dîner. Entourée de boulets, de gentils, de bizarres, de paumés… Tous ces petits défauts amenés brillamment par l’auteure, distillés ça et là au coeur de chaque phrase. La force du détail qui mène au désordre final. À ce fameux soir, à ce quiproquo qui fera tout basculer.